- Accueil /
- Le monde comme une victime vouée aux couteaux
Le monde comme une victime vouée aux couteaux
Par louis--marie | Le 30/01/2017 | Commentaires (0)
La maison, à demi étourdie sous l’orage braillard, avait une silhouette hésitant entre splendeur et anéantissement. Les rochers bordant le torrent ressemblaient dans la pénombre à de mauvais points de suture. La vitre, martelée par la pluie, renvoyait le reflet de son visage. Celui-ci, exposé à la nuit inquiétante, avait pris toute la beauté dramatique d’un barbare, résumée dans une indéchiffrable manière de sourire. Il se retourna, alla s’asseoir face à la nuit, dans le confort d’un vieux fauteuil en cuir usagé. Au débouché de la nuit sombre, le matin clair se dessinait maintenant dans une ombre agrandie qui cohabitait avec le bruit des rafales, dans un élan de lumière qui devait tout submerger. Il but son café dans une tasse d’émail blanc, le regard posé sur l'heure du matin. La nuit était passée avec sa poigne de sueur et d’apparitions plus ou moins lucides. Il aimait le noir, sa manière d’aller au fond de tout. Il se leva, déposa sa tasse sur le rebord de bois de la fenêtre, fit quelques pas, enchanté du vertige qui le soulevait au-dessus de lui-même.
Matthieu retourna vers la chambre et regarda sa femme encore assoupie dans le désordre de sa chevelure. Ils s’étaient rencontrés à Paris lorsque chacun tirait sa trajectoire. Elle traînait ses longues jambes dans le sillage des rues animées du 1er arrondissement et ses mèches blondes dans les couloirs du Palais Bourbon, au service de quelques élus. Un vent souple accompagnait son élégance cintrée, sa grâce atmosphérique, son mouvement de soie. Il avait croisé son regard, un regard de tanière, avec quelque chose de chaleureux, de généreux et de pudique qui fait admettre une certaine éternité. Il s’était métamorphosé dans cet éclat sauvage, passant d’une idée abstraite de l’amour à des sentiments pénétrants, de chair, d’âme et d’os. On résiste à la beauté mais pas au charme.
Glissant vers le salon, il traversa la grande pièce de pierres, de briques et de tomettes, où étaient posés leurs meubles épurés qui avaient fait toutes les migrations avec eux depuis leur mariage. Il avança dans le large couloir encore plongé dans la pénombre et risqua son regard dans l’entrebâillement de la porte qui gardait le sommeil des enfants. Sur le tableau noir, au-dessus du bureau, était écrit : « Un jour, nous détruirons le monde. Ce jour-là, il fera beau ». Il sourit en se souvenant de la réplique du frère à la lecture de ce que son jumeau avait écrit : « La fin du monde n’a pas d’importance ». Il aimait leur jeu fait d’intelligence et d’insolence où la passion apparaissait comme une frénésie, le monde comme une victime vouée aux couteaux.
Barbare tumulte Valeur fratrie Famille Civilisation dernier été avant la guerre reconstruire la bastide
Articles similaires
POGO : Parents Only, Gay Out !
L'enfant est la vertu des parents. …
Eté baroque
Terra Ignota baroque et désinvolte. Tout à la lecture de Félicien Marceau.
Les bons comptes font les bons vivants !
Regardez la mort, elle se relève à chaque fois, après chaque mise en terre elle reprend le travail. La vie doit faire pareil... mieux, être plus forte... deux enfants pour un mort et c'est la vie qui gagne... et pas 0,99 ou 1,9…
Es-tu le victorieux ?
Tu es jeune et tu désires femme et enfant. Mais je te demande : es-tu le victorieux vainqueur de lui-même, souverain des sens, maître de ses vertus ? C'est ce que je te demande. Ou bien ton vœu est-il le cri de la bête et d…
Fallait pas assassiner la charité chrétienne
M’emmerde cette déclaration des droits de l’homme, celles du Conseil de l’Europe et la phraséologie creuse des collectifs communautaristes… la pauvreté est là ! Elle pue ! Il faut la dé…
Aujourd'hui la plupart des hommes s'épousent eux-mêmes
La plupart des hommes épousent une médiocre contrefaçon des hommes, un peu plus retorse, un peu plus souple, s’épousent eux-mêmes. Ils se voient eux-mêmes passer dans la rue, avec un peu plus de gorge, un peu…
Ajouter un commentaire
Les boutefeux de Terra Ignota
Rechercher sur Terra Ignota
- Antifixion
- Bruno Deniel-Laurent
- Les dessous chics ou le blog Picard
- Le philosophe sans qualité
- Braconnages from Paname
- Feu sur le quartier général
- We are Julius
- Thierry Falise
- Zones subversives
- Le site sur Micberth
- Jacques Rigaut
- Anar de droite
- Pôlemostasis
- Le blog de Jacques Perret
- Carnets de JLK
- Savoir-vivre ou mourir
- Article 11
Aucun élément à afficher
- A la manière de
- Le vieil homme
- Tu seras un homme mon fils
- Testament d'un européen
- L'art du commandement
- La lente agonie des karens
- Entretien avec Nimier
- Stabat Mater
- La maison Vidocq
- Manisfeste d'une génération
- Le Talent
- L'homme est né pour le bonheur
- Déclaration de Saint Marc
- Allez dire à la ville
- Le beau est toujours bizarre.
- Les phares
- Lettre d'un père à son fils
- Vivre avec grandeur
- Etre au delà des hommes
- Non, merci !
- Qu'est-ce qui est noble ?
- La colère des Légions
ANIMAL DE MAUVAISE COMPAGNIE
FLIBUSTE
CHEVAUCHER LE LION
DEFRICHER, BATIR
FILIATION
COMMANDEMENT
BOUSCULER LE MONDE
CONSIDERATION
TRACER SA ROUTE
PROFESSION DE FOI
A TOUTE VITESSE
- Par Cassandre
- le 01/02/2021
- Par Cassandre
- le 01/02/2021
- Par luc boivin
- le 09/11/2020
Ou comment rester immortel d'un coup de révolver ! Beau texte que celui-là...
- Par Cyr4es
- le 11/10/2020
« On ne se souvient pas des jours, on se souvient des instants », disait Cesare Pavese
- Par chimbo31
- le 23/09/2020
- Par Phénix
- le 08/07/2020
- Par Le soupir
- le 08/07/2020
- Par Anonyme
- le 05/07/2020
- Par Ron
- le 05/07/2020
Personne n'y prête attention, mais j'aime tes #hashtag insolents.
- Par Gradelle
- le 14/06/2020
Ami de jeunesse Olivier je pense souvent à toi. Repose en paix ou tu te trouve Éric
- Par marignac
- le 19/04/2020
- Par GRANSFORS
- le 16/04/2020
est le titre sublime d’un album de Lavilliers… vanité et exotisme.
- Par Christophe Essay
- le 16/04/2020
- Par Dada&Co
- le 09/04/2020
- Par Lebuchard courroucé
- le 10/02/2020
- Par Lebuchard Courroucé
- le 10/02/2020
- Par Un hussard sans cheval
- le 12/01/2020
LA LOUVE
LA VIE, LA MORT, LA NATURE
LA VIE, LA MORT, LA MER
LA VILLE, LES TEMPS MODERNES, LA VIOLENCE
EMPREINTE
Tags
MOLOTOV COQUETELE
BARRICADES ET BLOODY MARY
OPEN WAR
METTRE LES POINGS SUR LES I
NOUS, ON FAIT DANS LE PLOMB
LE GOUT DU SABRE ET DU CASSE TETE