Copyright © since 2005

  • Car l'heure de leur absolu, de leurs grands cris de rage, a sonné

    Il grimpa dans son land-rover 90TD blanc débâché, posa la M40 sur la plage avant, juste à côté de l’icône et prit la route. Quelques heures plus tard, il dévala le chemin vers la mer, dans la poussière d’été de son enfance. La musique de The Decline! fut interrompue par le crépitement du Motorola. Dans une langue codée de moments tactiques et de munitions, un homme parla d’embuscade et de coup de main. Il avança sur le petit chemin qui mène au cœur de la garrigue. Descendu du 4X4, il retourna aux abords de la route. Il se posta.

    Dans le village, on l’appelait Monsieur Claude. Un nom de tenancier de bordel. C’était un sanguin, rouge sang de bœuf, un homme gras aux allures de dandy affaissé, la gorge tapissée par les alcools forts, qui organisait des « fêtes » avec des filles, à deux pas de La Jonquera, de l’autre côté de la frontière Espagnole. Sa femme, née à Malaga d’une mère ashkénaze venant de Hongrie, et d’un père Ethiopien, se promenait toujours avec un flacon d’eau de Cologne pour désinfecter les bidets. Monsieur Claude, lui, préférait le whisky, et le sang neuf des jeunes filles. « Ca fabrique des cirrhoses parfumées », disait-il. Jamais monsieur Claude n’aurait pu vivre dans le dénuement. Né dans un hôtel-restaurant sur la frontière espagnole, d’une mère prostituée et d’un père fantasque, il avait fait ses études dans la rue avant de devenir maquereau, puis big boss de la traite de jeunes garçons vers le Moyen Orient. Il jouit désormais du luxe absolu : un hôtel particulier de 600 m2, avec patio et terrasses, situé au pied du Mont Canigou, à l'Ille sur Têt ; et une grande maison d’allure familiale sur la Côte d’Azur, entourée de rosiers, de servantes et de dorures. Les hommes politiques viennent se prosterner devant ses millions et profitent des miettes de jeunes éphèbes que monsieur Claude glisse dans leur lit après les journées de chasse qu’il organise à leur profit.

    Assis sur ses talons depuis 15 minutes, il regardait sa montre G-SHOCK, il était bientôt midi. Dans l’odeur épicée du maquis, le bruit du grésillement d'une cigarette lui manquait. Il regardait la route qui montait en lacet vers sa position. Monsieur Claude y passait chaque mercredi, en fin de matinée, pour se rendre dans la vieille chapelle d’Hermitage où il croyait que Dieu l’entendait et surtout lui pardonnait tout, après ses quelques minutes de génuflexions théâtrales. C’était son chemin de croix, fait au volant d’une Jaguar, agrémenté de quinze arrêts qu’il faisait en chemin pour : « relever les compteurs jusqu’à ma résurrection financière » aimait-il plaisanter. Monsieur Claude avait le blasphème facile comme tous les truands sanctifiés bourgeois. Il riait alors, comme il l’avait travaillé devant la glace, toutes dents dehors, avec la lèvre retroussée sur la gencive supérieure.

    Ce n’était pas Monsieur Claude que Matthieu détestait, c’était l’idée moderne qu’il représentait. Et à l’heure qui devait marquer le grand retour des héros granitiques et des belles de jadis, il avait choisi d’envoyer symboliquement du 7.62 dans le buste du confort moderne représenté par Monsieur Claude.

    La Jaguar XF Pure arriva en contrebas, Monsieur Claude tapota sur la boiserie du tableau de bord en écoutant Live Your Life de Rihanna … Il arma son M40 A3… distance 850 mètres… tira une seule munition. I'm the opposite of moderate cria la chanteuse … timing parfait ! L’écho compta trois répétitions avant que la voiture ne pénètre dans un roncier pour y disparaitre. Matthieu resta sur place jusqu’à ce que le bruit de fond de la nature vienne exorciser le silence.

    Ils étaient ainsi une centaine, approchés pour leur absolu, leurs grands cris de rage, le feu grandiose qu'ils allumaient partout, et leur apparence de prophète. Les passions politiques sont des rumeurs, alors ils avaient choisi d’agir… sans expliquer. Ils avaient choisi la grande saignée cosmique à la Roger Gilbert-Lecomte. L’heure a sonné. Une cible par personne, c’est le premier pas : politiques, maquereaux, banquiers, communautaristes, journalistes, pédérastes, clandés, militants, avocats, juges… ils commençaient par le plus sale.

     

  • L’orgueil, cette religion de suicidé

    Terra ignota la mort suicide

    Il s’était inventé un silence romanesque dans lequel il promenait ses incertitudes comme des plaies crucifiantes. Il ne savait pas que la tristesse était un vice. Il la croyait sentiment poétique et y glissait amour des femmes, littérature hussarde, narcose politique et croyances exotiques. Le problème des vices est que l’on peut honnêtement les prendre pour des vertus. La crispation du vice en vertu est d’ailleurs une monstruosité qui ravage le monde moderne. Lui était dévasté de ne pas distinguer l’humilité de la modestie, la charité de l’humanitaire, le pardon de la tolérance, l’idéal du raisonnable. Le grand vainqueur de cette confusion, c’était l’orgueil. Car il était devenu orgueilleux à force de tristesse solitaire. Et l’on sait que l’orgueil est un feu follet qui se radicalise en mépris, cette religion de suicidé. D’ailleurs, il défiait le canon lugubre de son Glock 21 avec une piété armée de tristesse.

     

  • Nous cracherons notre fumée à la face de la lune

    Terra ignota le monde en notre pouvoir 1

    Une fois que nous aurons le monde en main, dans un vague geste de pouvoir, de vanité et d’irrespect, nous cracherons notre fumée à la face de la lune et ferons brûler le jour.

     

  • Le cul botté et rebotté

    Le cul botté et rebotté… ils parlent trop de la supériorité de leur cul sur le pied botté !

  • Nous traversons le temps de la grande ignorance

    Terra ignota sans issue

    Nous traversons le temps de la grande ignorance des liturgies, de la grande nostalgie des cérémonials, de la grande impuissance des dogmes. Nous n’avons plus ni jour, ni nuit. Seuls le soleil et les orages, et des mots hallucinés, vociférants avec une force à couper le souffle, trouveront un chemin.

     

  • Cette petite dictature moderne du célibat

    Terra ignota homme vrai pour femme sans peur 1

    J’exècre cette petite dictature du célibat qui monte en puissance, avec tous ces individus languissants qui se transforment doucement en monstres : vieux beaux en trottinette, citadines attifées chez Costes, voyeurs asexués tétanisés sur leur reflet dans les vitrines. Tous enivrés par les fragrances interlopes qui s’échappent des échantillons de parfum des magazines « faits pour les femmes, lus par les hommes ». Et leur haine injurieuse et salissante qu’ils déversent, par tweet, par post, par article, par opus sur cette métaphysique qui leur échappe : l’amour exclusif, abouti. Vous les avez lues ces commères avant-gardistes, avec leurs ricanements pavloviens, bave aux commissures, yeux serrés sur leur constipation autour de leur sexualité différente. Vous les avez entendus en prime time dans les émissions grand public, ces vieux célibataires aux cheveux collés sur un crâne matznevien, avec leur voix précieuse saupoudrée de peur, leur entre-regard par en-dessous plissé sur leurs yeux de mauvaise vie.

    Et les voilà qui colportent, de leur voix aigre douce, l’idée du couple ramené à des gosses sales, un caniche nain, un baise mensuelle, la vaisselle et le camping-car.

    Les voilà main dans la main, bile contre bile, ces imbéciles qui vont chercher une virilité ambiguë dans le pissons ensemble et les lectures mal assimilées, avec ces harpies à la peau retendues de vielles momies à l’odeur rance, au ventre stérile.

    Et cette engeance de mégères et de vieux atrabilaires, toute pétrie de complexes et de ressentiment, de n’avoir pu se hausser plus haut que le caniche de leur propre enfance, lève le poing dans le tremblement sonore de leurs mains d’osselets en criant : « vengeance, vous paierez votre joie enivrante, nous la plongerons dans notre puanteur de ratés ».

     

  • Je rêve d’un monde où l’on se tait

    Terra ignota un monde de silence

    Je rêve d’un monde où l’on se tait, où tout est secret, un monde de devins, de pianistes et de chats.

     

  • Ecrire par temps d'effondrement

    Terra ignota ecrire en pleine decadence

    Je n'aime pas cette contrainte : écrire par temps d'effondrement civilisationnel. J'aurais aimé écrire dans la plénitude. Ecrire d'une langue joyeuse dans la plénitude de la civilisation.

     

  • L'homme sauvage

    C’est un grand costaud aux jambes solides,

    Aux longs bras qui signalent une origine paysanne

    Avec les stigmates hérités d’un long rapprochement avec la terre.

    Le visage est celui d’un destin dramatique aux dévotions cannibales

    Et pourtant

    Il a des yeux dilatés d'innocence, des yeux d’enfant, des yeux bleus, nordiques

    Il est beau, très beau dans l'éphémère

    A se repaître de l'air

    A ne salir sa peau blanche que de terre fertile

    Et pourtant

    Son âme ne lui laissera aucun répit jusqu’à ce qu'il sombre.

    Avec cette peur animale qui est étrangère à la peur de la mort ou même de la souffrance

     

  • Elucider le mot extrême !

    Terra ignota absolutely polemic 2

    Epoque extrême quand l'Etat demande à la jeunesse de s'habituer à la Terreur.... Elucider le mot extrême !

     

  • On s'en fout !

    Terra ignota religion impose ta foi

    On s'en fout de croire en Dieu, puisqu'il qu'il existe !

     

     

     

  • Je croise les ruines de l’été

    Terra ignota face a la mer

    Je croise les ruines de l’été où s'agitent les dernières lumières malmenées par la pluie, la tempête et le ruissellement des vagues ; tous ces assauts d’automne qui viennent préparer la terrasse inhospitalière de l’hiver, sous un pin grandiose où s'amuseront les choucas. Et assis sur cette terrasse, alors que mon chapelet tournoiera encore dans les vents passagers, je viderai mon verre à la détestation des hommes perdus dans une errance sans astre et sans plus aucune croyance une fois leur soleil estival perdu dans les gris persistants.

     

  • Consistance des souvenirs

    Terra ignota 1976 mirrors in pilgrim mills loftPaquet de photographies non classées, bouts d’écriture, vieille malle repeinte, densité vénéneuse des cicatrices, miettes de mots, carcasse grinçante, toute une belle substance qui rayonne encore d’une impitoyable violence. Les souvenirs sont les premières traces de vie unicellulaire de nos émotions.

     

    Lire la suite

  • Ce fichu désert culturel - Postmodernité

    femme-hedonisme.jpgL’hédonisme postmoderne ! Oh pas celui d’Aristote, ou d’Epicure ! Non ! Celui de l’apparence, du règne sans partage de l’image, de l’exhibitionnisme de l’intimité, des déviants encensés, des collectifs aux intérêts miniaturisés ou de la télévision. Voilà ce qu’on propose comme culture ? La postmodernité … cette fabrique d’écervelés ! Sans pensée,  pas de préliminaire, pas d’après, comme des bêtes cette recherche du coït immédiat. Cette chose immonde, gluante ou tout est culturel, où tout se vaut, n’importe quoi est culture : le sexe, le loto, les gadgets, la publicité, la mode, le maquillage, les colonnes de Buren, le piercing, les jeux vidéo … M’intéresse pas ce structuralisme ethnologique élevant les pissotières de Duchamp au rang de forme différente de la culture. Il n'y a plus ni vérité, ni mensonge, ni stéréotypes, ni invention, ni beauté ni laideur, mais une palette sèche, neutre, étriquée et épuisée. Faudra m’expulser toutes ces couilles molles et leurs égéries dans un désert quelconque voir quelle civilisation ils sont capables de commettre après avoir tué le père. Nous, on pourra de nouveau cultiver notre lopin de tradition avec  des coups de folie qu’on nomme modernité.

    Lire la suite

  • Rendez-vous sous les pluies de septembre

    Debranchez

    06h47 ON BOUGE - STOP - NE RESTEZ PAS PAS CONNECTES - STOP - RENDEZ-VOUS SOUS LES PLUIES DE SEPTEMBRE.

    SIGNE -  TI

     

  • Le vent tourne

    Terra ignota le vent tourne

    J’ai fait mes humilités, victime tolérante que j’étais devenu, prêt à jeter ma vérité, mon âme, pour les yeux soumis de mon époque. Puis, hanté par le souvenir de mes rêves, j’ai relevé ma guenille et j’ai fait un étendard de mes exigences où la seule raison ne commande plus qu’un seul acte : cap dans la bataille.

     

  • L'attente

    Terra ignota pacific

    L'attente, comme un tableau de John Register, où un homme, le front collé sur la vitre de la terrasse du port, voit venir le navire qui l'emportera bientôt avec les figures enfiévrées de ses rêves : l'aventure, l'inconnu...  

     

    Lire la suite

  • Club fermé

    2015 legionnaire au bivouac by ivanov atanas

    Têtes brûlées, aristocrates ruinés, amoureux déçus, soudards, idéalistes exaltés, demi-soldes oisifs et encombrants, enfants de malheur, âmes perdues, pêcheurs repentis, tous à la recherche d’une autre chance, d’une deuxième identité, d’une vie meilleure. Autant d'histoires personnelles, ayant abandonné le quotidien pour se confronter à l'histoire du monde. La légion, cet habile attelage hétéroclite, formé d'hommes étrangers si peu considérés, exprime une communauté de destin, d’histoire, qui s’affranchit des règles sociales de la société au sein d'une collectivité de fer. C’est un milieu en bande organisé, sans caste même s'il reste fortement hiérarchisé. La Légion reste le meilleur club du monde, où chaque membre a quelque chose en commun que personne d’autre ne peut avoir. A Moscou, à Paris, à New-york, avec de l’argent n’importe qui peut être membre de n’importe quel Club, sauf celui de la légion.

     

     

  • Ne dis jamais du mal de la mer


    Ne dis jamais du mal de Dieu, ni de la mer.

    César Antonovitch Cui

  • La lutte, c'est classe !

    Terra ignota la lutte c est classe

    La lutte, c'est classe

     

    Lire la suite

  • La vertu ?

     

    renan-2.jpg

     

    Petite vertu, grande vertu : choix de putain et de politicien !

     

    Lire la suite

  • La mêlée !

     

    La mêlée

    Certains sont entrés dans le rugby comme d’autres entraient en religion au temps des croisades : Il s’en suit une liste de martyrs mais aussi de saints et de renégats. Roger Nimier disait d'ailleurs, "l’homme naît mauvais, la société le déprave, mais le rugby le sanctifie".

     

    Lire la suite

  • Ecrire sa colère

    Feuille volante

    Je ne peux pas écrire une phrase qui ne contienne pas une dose de rébellion. Sinon elle ne m'intéresse pas.

    Albert Cossery

     

     

    Lire la suite

  • Pourquoi êtes-vous si joyeux ?

     

    - Pourquoi êtes-vous si joyeux ? me demandèrent-ils

    - Par esprit de contradiction, de contrition et de conspiration !

     

  • La modernité y coulait son râle

    Terra ignota la profondeur de la foret 1

     

    Il avait un regard étrange, taché de guerres avec un sourcil comme une plume qui gardait la trace d’une ancienne douceur dont il ne détenait plus aucune preuve. Une cicatrice abimait sa joue. Il avait le parfum des cigarettes, des décisions rapides et la persistance de [la forêt], comme un leitmotiv d’aventure. Derrière la vitre, derrière le filtre opaque de la pluie, il avait senti assez de forêts pour briser une tempête. Il avait attendu là, dans le silence du café qui passe lentement. Les fumerolles de la tasse, la lueur d’un soleil ocre de fin de journée, semblaient uniquement là pour adoucir l’agressivité toute militaire de son arrogante virilité. Il était resté ainsi jusqu’au cri du milan, vers 17h.

    Dans une économie de paroles et de gestes, encombré d’une sorte de solitude un peu fatiguée - celle des moines, des taulards et des soldats en embuscade - il quitta la salle qui sentait la cantine chronométrée des lycées militaires. Il dit au revoir au patron du bar, comme ça, comme un adieu. Il disait toujours au revoir de cette manière polie, distante. A tout prendre cela ressemblait à de la gentillesse pour qui n’y prêtait pas attention. Une fille lui lança un regard effronté qui se voulait une invitation au voyage. « Ongles noirs et cheveu gras, la voilà la bohème », pensa-t-il. Dehors il se mit droit, face au vent, comme sous le feu, sanglé de courage, les pensées striées de blessures.

    Il s’enfonça sur une piste embrumée qui suivait le torrent glacial, la modernité y coulait son râle, lui son espérance de renaissance.

     

     

  • La mort n'est pas une excuse

    Terra ignota la mort n est pas une excuse

    Où sont passés les brûlants, les condamnés, les croyants hérétiques, les ermites fous ?

     

  • Nous irons vers le soleil épuiser notre jeunesse

    Ludwig sander painting scuppernong vi 1965

    J'ai l'exigence impérieuse des étés flamboyants plongés dans l'immensité liquide sombrement bleue, lorsque la brûlure insidieuse des parfums modifie l'apparence de l'air. La révélation de la joie est l"écho de tout cela.

     

    Ludwig sander 1965

     

    Lire la suite

  • L’instinct me pousse à l’indifférence.

    Terra ignota lecture elmer nelson bischoff

    L’indifférence, c’est ce qui sépare ma peau du reste.

     

    Lire la suite

  • J'aime la manière réaliste des journées provinciales à peindre la vie

    Terra ignota nos belles villes de province

    J'aime la manière réaliste des journées provinciales à peindre la vie : leur vigueur matinale un peu triste sous la déchirure du soleil, leurs marchés débordants sous les halles, leurs zincs aux accents terreux, le visage des passants à la douceur des années 80 impensable ailleurs, la femme à sa fenêtre entrouverte, la pâleur précieuse et languide des soirées.

     

    Lire la suite

  • Quel Dieu est disponible ?

    Terra ignota quels nouveaux dieux

     

    La terrible maturité mélancolique des orphelins aboutit toujours à la quête du père. Et tant qu’à faire, ces enfants livrés trop longtemps aux vacances, veulent un père viril, exigeant et valeureux. Tout cela se lit à nu dans l’aplomb provocant de la grondante génération d’aujourd’hui. Évidemment, l’Histoire seule offre un père, et nous connaissons par cœur et sang tous les pères en stock ; on s’est tellement employé à les castrer au cours de ces dernières décennies. Désabusés, les rejetons chercheront un Dieu. Ce qui importe maintenant, c’est de savoir quel Dieu est disponible.

     

  • Le camp des barbares

    Terra ignota se sentir barbare

    Un livre à la main en zone contemporaine… se sentir étrangement, non plus suranné, mais barbare.

     

     

  • Vouloir la pleine mer et vivre dans les brisants…

    Terra ignota vivre dans les brisants

    Vouloir la pleine mer et vivre dans les brisants…

     

  • Je connais des mots qui seraient prêts à témoigner contre moi.

    Crime and punishment photographed by lusha nelson 1936Je connais des mots qui seraient prêts à témoigner contre moi. Et je me moque de leur condamnation car je doute de leur moralité et de leur sens lorsque je les vois se coucher lascivement dans n’importe quel papier, frémir sous toutes les plumes caressantes. Je n’ai d’estime que pour leur ombre, leur écho, leur odeur, leur reflet et leur résonance, où s’entend leur monde insondable, où ils s'écorchent d'un frôlement, où ils explosent d’une friction.

     

    Lire la suite

  • J’apprends la vie

    Terra ignota j apprends la vie

    J’apprends la valeur du travail auprès d’hommes qui allumaient leurs cigarettes avec des chalumeaux, qui brisaient la caillasse…

     

  • Actualité : En ces moments exclusifs, il faut brûler le Palais.

    Regroupements, malentendus, qu’importe, rendez-vous sur la colline, brassez, agitez, indensité, comme on danse, décolletés et torses, réglez vos montres, culot des exagérés, se rencontrent, se collent, se mêlent, explosent l’hémisphère de l’assemblée, pendaison des gossplans, décombres, putain de nuit, à bout de soufre, yeux cernés du nouveau jour, nouvelle peau, faire craquer les os, épaule contre épaule, tomber, se relever, se déployer, fermer le cercle, resserrer l'étau, plumes et goudron aux salopards, couper les têtes, hydre puante, offrir nos gueules nouvelles, le vent sur nos poitrines, l'épure d'un souffle … D'abord c'est l'air qui se modifie, le reste vient en surplus sous la grand-voile noire.

  • Voilà le soleil ! Comme il monte, je monte aussi.

    Terra ignota je me leve

    J’ai l’instinct du soleil, ce bonheur épicurien, paisible, raffiné, aristocrate. Voilà le soleil ! Comme il monte, je monte aussi.

     

  • Actualité : Femmes ardentes

    Terra ignota violence

    Comme toutes les femmes, la violence contient une part de vérité.

     

  • En attendant la prochaine soif…

    Terra ignota un jour de soif

    Comme chaque matin de ces journées épaisses de bruine humide, l’homme rôdait sur la place, traînant ses yeux agités, son visage de nuit aux arrières salles bruyantes et insomniaques ; tournant autour du bar, certain d’y sombrer, aspiré par ce tourbillon. Dès 8h00, au lever de rideau, il entrait en scène, premier client, seul au bar, accoudé dans ses pensées, le zinc en miroir, l’homme prenait la pose en siphonnant un alcool fort à la mort de la nuit bancale passée solitaire, mouillée d’embruns et de bruine. A midi, les habitués complétaient le paysage sans que cela ne vienne perturber l’homme. D’écueils en galopins, de rouge en écueils, il poursuivait sa course quotidienne et périlleuse.

    Lorsqu’il était entré, captivé par l’automne qui s’éternisait dans un ciel brouillé, l’homme était déjà à l’ouvrage ; un verre de rouge abrasif, certifié Vinexpo, dans une main à la fermeté surprenante. Lui, avait trouvé une table de bois en compagnie agréable d’un fauteuil de cuir tourné vers la place qui menait au port. Il se prélassait là, tranquillement posé sur l'aiguille des heures dont il n’attendait rien, plongé dans une douce ivresse conjuguée de vin, d’aventure, de clan, et de beau style ; calfeutré pour plusieurs jours dans la lecture, l’alcool. Il avait eu envie de regarder la mer comme d’autres se rendent à la gare ou suivent des nuages, pour s’offrir l’idée d’un vrai départ. Il envisageait de prendre pension dans un bel hôtel d’une station balnéaire de l’Atlantique où nul client ne s’aventure plus en basse saison. La grande baie vitrée de sa chambre s’ouvrirait sur le fantasme parisien de la pleine mer : océan, draps frais, vent léger.

    L’homme le scrutait. Il s’en aperçut en croisant son reflet déformé par les fleurs de trempe de la vitre. Il interpella la serveuse, commanda un Chapelle d’Asseaune : vin égoïste, vin initiatique. L’idée du visage de l’homme s’insinua jusqu’à sa mémoire reptilienne qui gomma les rides, boursoufflures et cicatrices ; reformula la coiffure en quelque chose de plus propre. Il laissa le cerveau faire son travail d’analyse, de recherche et s’attacha à observer les choses plus légères. Il caressa du regard le verre  plein d’une philosophie coupable en se disant qu’aucun vin n’est totalement innocent. Il sourit. Celui-là était léger comme une lecture d’été, ne laissant aucun regret, juste une petite tristesse calme. Jeu d'épaule détaché, rehaussé d’un soupir, il regarda le pavé de la rue qui descend vers le port. Un pas féminin le détourna. Il suivit le mouvement de caméra qui se détachait des pavés pour respirer le déhanché à la grâce délicate protégée d’une simple ligne d’agrafes fragiles. La silhouette galbée baigna dans une lumière éphémère dont un rayon en contre-jour offrit un bref déshabillé indiscret. Il ferma les yeux comme quand on embrasse. Il chercha une très belle musique pour accompagner ce moment ; quelque chose d’italien peut-être. Mais le moment était passé.

    Il se leva pour trouver son hôtel de bord de mer. Quel nom portait-il déjà ? Il envisageait tranquillement de passer par la promenade qui ne devait être fréquentée que par les rafales du vent qui se levait et les bancs vides qui lui semblaient tout à coup si étrangement familiers. Il se dirigea vers la porte dans un dansé qui ressemblait à un faux trébuchement, attrapa son épais caban, surpris de le sentir trempé. Il se sentait invincible. Il pensa se retourner pour offrir généreusement un sourire accompagné d’un geste arrondi vers le bas, comme une demi-révérence, à l’homme qui ne l’avait pas quitté des yeux tout au long de sa présence. Mais devant la porte, il se heurta au reflet de la glace, au reflet de l’homme mêlé à son propre reflet égaré. Il brisa la glace sans tain et l’armure éclatée lui révéla qu’il n’était que l’étrange délire de l’homme, son hallucination tremens, le reflet de la réalité. Il eut cette sensation d’excavation, de faille, de souffrance, que même un cri ne pouvait posséder.

     

  • Mes terribles certitudes inquiètes

    Terra ignota nuque propre

    Et je suis là, rasé de frais, le cheveu court, l’air grave de mes terribles certitudes inquiètes. Et voici que je m’interroge sur un simple frisson du vent, que j’écris sans destination précise.

     

  • Du vent de l’hiver il ne reste plus rien

    Terra ignota au bord de la terrasse

    Je vais m'asseoir là, sur la terrasse au bord de mer.

    Le vinyle craque sous les notes de Chet Baker.

    L’ivresse n’est pas venue. C’est pourtant une nuit à faire des feux d'artifice.

    Tout me semble soudain si tamisé à l’ombre d’un soleil qui s’endimanche.

    Du vent de l’hiver il ne reste plus rien à part quelques frissons.

     

  • Les longs jours des grandes plages encore muettes

    Terra ignota long jours des grandes plages desertes

    Prolonger la belle saison des longs jours des grandes plages encore muettes d’avril.

     

  • Et tant qu’à mal faire

    Terra ignota tant qu a faire

    Avoir les haines enthousiastes, les insolences illégitimes ... et tant qu’à mal faire, être indifférent à leurs échos.

     

  • Actualité : L’impatience de l’apocalypse

    L’impatience de l’apocalypse qu’on appelle parfois révolution.

     

  • Un non total : ni gueux, ni maître !

    Terra ignota tag ni gueux ni maitre

    Le refus a toujours constitué un geste essentiel. Les saints, les ermites, mais aussi les intellectuels. Le petit nombre d’hommes qui ont fait l’Histoire sont ceux qui ont dit non, jamais les courtisans et les valets des cardinaux. Pour être efficace, le refus doit être grand, et non petit, total, et non pas porter sur tel ou tel point.

    Pier Paolo Pasolini, La Stampa, 1975

     

  • On ne sait jamais comment la colère est née

    Terra ignota la melancolie des fast foods

    L’appartement était dans un quartier qui n’avait aucun humour mais compensait avec une certaine poésie de l’abandon à laquelle il restait insensible : charme mélancolique, fausse intimité façonnée par un quotidien bourgeois. Il regardait la place à travers les persiennes de fer de la fenêtre, au troisième étage. Le front appuyé sur la fraîcheur de la vitre, il apercevait les pavés descellés de la rue dont le nom porté sur l’émail bleu de la plaque lui rappelait sa jeunesse.  Son souvenir se promena quelques instants dans la rétrospective des années qui ont inventé la mélancolie des fast-foods et la poussière soulevée par les chevaux des néo-hussards. Il pensa en souriant à cette belle famille d'esthètes chaotiques qui avait fait de son adolescence une longue saison amusante. Il se souvint qu’il avait prolongé cet âge ébouriffé avec des petits moments faciles de Sisyphe heureux, de réactionnaire entendu. Il avait vécu ensuite, dandy insolent et rieur, séduit par les belles flambées que le vent transporte. 

    Sa pensée fut distraite par les photos posées sur le marbre de la commode du salon : un vieil indien Taos au visage parcheminé et une inuit Iñupiat dont la tignasse se mêlait aux poils de sa capuche fourrée. « Civilisations éteintes, exterminées par le Progrès idéologique » pensa-t-il. Il appuya les cinq premières notes du Requiem en ré mineur de Mozart en passant à côté du piano du couloir. Il s’arrêta face à la bibliothèque ventrue, anarchique. Merveilleux fouillis fait des dialogues rugueux, de prières de ruffians et d’espoirs de martyrs. L'idée que les mots se promenaient si près de ses certitudes l’avait toujours fasciné. Entre deux livres, il retrouva une bouteille entamée d’un single malt Ardbeg distillé sur la côte sauvage de l'ouest de l'Écosse. Il appréciait cette odeur tourbée qui évoquait le tarmac chaud après une pluie d'été. Plus loin, après la bibliothèque, dans la chambre beige qui s'ouvrait à droite, quelques peintures attendaient depuis des années d’être accrochées au mur. Son sac était posé sur le grand lit. L’odeur musquée du tabac froid, le calme de l’appartement, l’ordre dépoussiéré, prolongeaient l’idée de départ imminent.

    Avant de fermer la porte, dans le petit vestibule, il décrocha les photos de famille du cadre du miroir. Il laissa passer un sourire en regardant les portraits de sa femme et de ses enfants ; soulagé de les savoir à l'abri dans la solidité d’une vieille bastide. Là-bas, ils étaient invincibles sous le regard fraternel des gens du pays qui calculent encore le temps en saison. Il ne lui restait que quelques minutes avant que sa présence ne soit remarquée par les bandes urbaines qui écumaient le centre-ville. Sur le pas de la porte, il se demanda comment ce monde en était arrivé à cet état tendu qui fait passer du rire aux lames, de la civilisation aux hordes, des feux de la Saint Jean aux colères hurlées à la lueur des Molotov et des tirs éclairants des GL-06 de 40 mm.

    En sortant de l’immeuble, son acuité dopée à la sensibilité de l’insomnie et à la lucidité du jeûne se heurta aux hurlements suicidaires du siècle. A l’angle de la place, l’hôtel néo-gothique avait été pillé et souillé de graffitis qui livraient le monde au vagabondage et au ravage de mots mythomanes et exhibitionnistes. Les jeunes arbres de la place minérale avait été arrachés. Les étals des bouquinistes avaient été brûlés ; les livres éventrés se rependaient en une longue traînée blanche qui prenait fin dans la bouche du métro.

    Il sentait en lui cette colère nouvelle, floraison tardive des chahuts vivaces de sa jeunesse. Il passait maintenant devant les mots, en première ligne dans le parfum lourd et tenace de la guerre.

     

     

    Lire la suite

  • Actualité : Printemps parisien

    Lui sorbonnard, elle haussmannienne, allant de gauche à droite sur les rives parisiennes en dégustant des Spriz en terrasses. Tous deux un peu lâches, un peu blasés, un peu romantiques. Lui, avec sa théorie sur les filles de moins de trente ans. Elle, avec ses certitudes sur les hommes de cinquante. Flirtant dans leurs tissus printaniers. Elle, robe noir, culotte blanche. Lui, costume gris, chemise blanche. Une certaine beauté, juste et banale ; comme une affiche néo-nouvelle vague, d’un film japonais néo-réaliste. On entend un noir jouant du blues. Un mime tourne les pages blanches d’un livre. Ces petites touches infimes rendent le moment absolu et terne, comme un accablement, en plus feutré.