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Moitié salaud et moitié saint : au beau milieu de nulle part !
- Le 26/11/2024
- Dans Ligne de faille
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Joyeuse sédition selon Matthieu (Part 4)
- Le 11/09/2024
- Dans Joyeuse sédition selon Matthieu
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Encore quelques bonds et Matthieu sera à bonne distance. Jamais cette fichue ville ne lui avait semblée si amicale. Tout était recoin, angle de tir, point haut, abri. Trois jours qu’il travaillait sa reconnaissance le long d’un itinéraire de ruptures de trajectoire, de caches, de changements de tenues, de pas, d’allure. Il était un peu grisé par cette infiltration qui ne ressemblait à aucune de celles qu’il avait déjà pratiquée en milieu hostile, sous des latitudes tropicales. Il s’infiltrait dans son propre pays. Il était le poisson maoïste dans l’eau saumâtre d’un Etat de « démocratie absolue » ayant déployé l’arsenal du contrôle social, de la surveillance et de la répression.
Il avait revêtu une tenue urbaine, sombre, qui ressemblait à celles des ces groupuscules enfantés dans les quartiers bourgeois. Surnommés les Chaoistes, ils sillonnaient la capitale depuis plusieurs semaines. Immatures, violents, sans épaisseur, ils n’étaient animés que par le goût du sang en meute et de la rapine dans les boutiques fringues hip et hi-fi. Matthieu se disait qu’encadrée, entraînée, civilisée, cette jeunesse-là aurait pu trimballer la société vers une sacrée belle aventure. Mais derrière les banderoles outrancières éclairées par les coquetèles molotov, il n’y avait aucun idéal, aucune culture : rien d’autre que des cris, des gesticulations. Seul l’extrême vide de leur existence était partagé autour des autodafés qu’ils allumaient peureusement un peu partout dans la capitale, au début de la nuit, comme des bivouacs de guerre. Aucune victoire sur eux-mêmes laissait entrevoir l’absence de toute victoire globale.
Matthieu s’approchait du quartier surnommé la Qasabah, la forteresse, au cœur de Paris, tenu par les islamistes. La nuit était tombée très vite. Il devait alors passer par les toits et les balcons. La rue était un piège où le blanc imberbe était voué à la lapidation sans sommation. Il se défiait de tout. Les Salaf étaient mieux organisés que les Chaoistes ; l’habitude des choufs, des trafics, des marques de souveraineté des caïds et de l’organisation des territoires. On trouvait là des arabes, des bosniaques, des noirs, des convertis en masse, des indonésiens, des gamins désœuvrés et des putes blanches qui subissaient les pires soumissions que leurs rêves de harem ne laissaient pas entrevoir sous le voile de l’amour libre.
Matthieu se redressait maintenant. Il restait sur ses gardes, le cou rentré dans les épaules, les muscles bandés. Il savait être taureau dans les bagarres, félin lors des infiltrations, caméléon dans l’attente d’un guet. Il sautait de faitière, en parapet avec aisance. Son arme, un DAN.338, était arrimée dans son dos pour ne pas faire de bruit. Simple d'utilisation, léger, il convenait parfaitement à la mission. Il avait aussi fait le choix d’un Glock 17, avec silencieux RDS Vortex, pour le nettoyage ; doublé d’une lupara sur une base Baikal IJ43, pour se dégager. Les Salaf avaient pratiqué des ouvertures dans les appartements pour se déplacer entre les étages et entre les pâtés de maisons sans avoir à sortir. Matthieu utilisait ces passages avec précaution. Certains étaient tapissés de douilles de kalach. Des tas étaient formés au pied des meurtrières ouvertes vers la rue. Il faisait régulièrement des pauses, dos au mur, silencieux, à analyser les bruits autour de lui. Cela lui permettait de faire retomber la tension.
Après trois heures d’infiltration, Matthieu arrivait enfin aux abords du quartier réservé, dernière enclave avant la Pépinière, résidence-fortifiée de Jovis, Président de ce pays. Son objectif était une des bâtisses offrant un angle de tir réduit, à presque 1 100 mètres de distance, sur le balcon ou devait se dérouler une cérémonie en l’honneur de l’adoption d’une fille de treize ans par le couple présidentiel. La petite princesse démocrate devait succéder à Jovis et mettre symboliquement fin au patriarcat en France : la dernière mue, avaient annoncés les medias. Ce balcon était la seule faille dans le dispositif ultra sécurisé autour de Jovis, de sa femme, de sa cour.
Le quartier réservé était clos. Les portes d’accès avaient dues fermer dès les premiers feux en zone des Chaotistes. Rouleaux de barbelés, grillage de sept mètres de haut, miradors, postes et projecteurs, ne laissaient aucun passage possible hors des faisceaux lumineux et des patrouilles du service d’ordre rapproché : les Protecteurs. Matthieu savait instinctivement qu’il ne pouvait pas s’infiltrer dans cette zone. L’exubérance de sa virilité dépouillait, avec outrance, chaque citoyen de ce quartier de tout droit de lui ordonner quoi que ce soit. A l’intérieur, le petit monde des néo-démocrates vivait dans l’état de grâce de la Grande Libération de Mai, cette révolution portée par les médias et les grands trusts. La Grande Libération avait aboutie à la rédaction d’une bâtisse mentale, Le Manifeste de la nouvelle Humanité, se substituant à la Déclaration des Droits de l’Homme.
Il prit position. Le froid s’installait, lui mordant la chair. Il craignait que la brume n’apparaisse. Dans le brouhaha des ruelles de la Qasabah, il percevait le bruit plus dense des gens qui se rassemblaient autour des braseros. Il effectua les derniers réglages des tourelles de la lunette, liés à l’angle d'inclinaison vers le bas. Il n’avait pas emporté son smartphone avec l’application balistique de peur de se faire repérer. Il serra la bretelle en cuir de son DAN, pressa la crosse sur les os de l’épaule, verrouilla le poignet, le fusil dans la paume de la main. Puis il souda littéralement sa joue sur l’appuie-joue, écrasant sa mâchoire presque douloureusement. L’odeur de graisse d’arme disparaissait sous celle des braseros. Il aligna les organes de visée sur la cible, à l’endroit exact ou le tir devait arriver : pleine tête. Il ferma les yeux, respira profondément et complètement, relâcha son corps. Le fusil arriva au point naturel de visée. Jovis était là, dans son viseur ! Il secouait la tête avec cette moue d’enfant capricieux qui avait fait l’objet de tant de caricatures. Il appuya sur la détente.
Briga regardait Jovis. Plus exactement, elle le scrutait, décryptant dans ses traits tous les signes des faiblesses qu’elle connaissait par cœur. Le maquillage ne voilait rien, il creusait même, en fin de journée, des sillons épais qui laissaient tout deviner. Le cabotinage lorsqu’il avait cette mimique ridicule de garçon boudeur, les hésitations lorsque les yeux s’ouvraient trop arrondis, la peur lorsque les narines se dilataient et qu’il semblait perdre haleine, le ton agressif qu’il prenait, le petit rictus hautain qui lui creusait la joue et lui fermait les paupières. Il n’était pas beau, car il transportait à la fois trop de méchanceté et d’ignorance pour l’être. Il était une grimace qui n’arrive pas à se poser. Il n’était pas beau, mais il avait de la chance. C’était d’ailleurs toute son histoire récente. Porté par les trusts, flatté par les medias, il avait profité du système électoral défaillant de la démocratie pour être porté à la Présidence d’un pays avec 16% des voix. Depuis lors, il gouvernait sous téléguidage d’éminences grises dont la non-traçabilité rendait impossible l’identification. Il était donc officiellement le seul despote éclairé de ce coup d’Etat démocratique. Le lot habituel des alliances perfides, lâches, ainsi que les rêves mièvres et superficiels de la société firent échouer toutes les âmes en peine à ses pieds. Après le très court printemps, vint la saison de la répression.
Briga était charnellement à Joris depuis les plus tendres années de ce dernier à qui elle avait fait découvrir son corps de femme. Les usages l’avaient pointée du doigt. Les ricanements avaient finit de l’aigrir. Elle avait gardé le goût des jeunes hommes. Lui avait développé un rejet de la femme-amante au profit de celui de la femme-mère dont elle avait endossé l’habit. Elle portait en détestation tout ce vieux monde qui l’avait emprisonnée dans ce rôle de vieille fardée, attifée des robes les plus chères qui ne pouvaient cacher des fesses plates, des yeux enfoncés dans les orbites, des perruques ridicules. Son ventre récalcitrant lui avait refusé toute descendance légitime. Mais le légitime, elle s’en fichait. C’est pour cette raison qu’elle avait exigé que Jovis lui trouve une fille à adopter. Jovis, qui ne se sentait investi d’aucune mission procréatrice, vit dans cet événement un nouveau moyen d’exister différemment de ses prédécesseurs. L’intronisation de leur fille portait la revanche de Briga et la boulimie d’événementiel de Jovis. La révolte des Salafs et des Chaotistes n’y changeraient rien. Comme la fronde des Opposants, elles seront matées dans un succédané de justice. La force de Jovis était dans l’infatigable discorde des Français autant que dans ses soutiens invisibles, créatures qui venaient s’enrichir du chaos et du sang répandus.
La balle fracassa le crâne de Jovis au moment où Briga allait annoncer le discours. Elle ne comprit pas ce qui se passait. Le sourire de Jovis était encore présent sur son visage ouvert en deux. Matthieu était toujours l’œil rivé à sa lunette, désolé d’avoir tué, ne ressentant aucune d’ivresse, totalement affranchit de ses contrariétés liminaires. Il croit et il agit, ses épaules étaient suffisamment larges pour supporter tout le poids de ses choix ancrés dans la légitimité, sans regard sur le détail de leur légalité. Aucun ange émissaire ne pouvait retenir sa main une fois une décision arrêtée.
Le tumulte imprégna rapidement toute la Pépinière, la smala virevolta autour du corps du Président, comme des papillons pris dans un faisceau de lumière. Briga restait sidérée, bouche ouverte, recouverte du sang de Jovis. Dans le lent ralenti de la chute du corps de Jovis elle vit s’effondrer tout son nouveau monde qui fit reparaitre, derrière les décors, les vielles peurs des humiliations. Elle hurla à pleine haine, plus que de tristesse.
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Très moderne, très normal.
- Le 08/08/2024
- Dans Ligne de faille
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La transgression est le résultat d’un jugement, donc d’une limite. La transgression a une parenté louche avec l’éthique. Dans l’univers de la transgression, il n’y a donc pas de place ni pour le rêve, ni pour les utopies révolutionnaires. La transgression n’est ni accusation ni programme. C’est une inclinaison moderne vers le scandaleux, privée de l’inspiration du génie. Ainsi est né un nouveau genre très moderne, très normal.
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Chaque ruine m'écrase !
- Le 28/07/2024
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Chaque ruine m’écrase. Surgit toujours la culpabilité douloureuse de ne pas avoir su tenir une promesse de conservation, de transmission. Les ruines sont un sceau d’infamie que l’on porte comme autrefois les catins portaient la fleur de lys, appliquée au fer rouge sur leurs épaules, pour les déshonorer.
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Les hommes mieux faits pour la joie
- Le 21/06/2024
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J’exècre cette insupportable manie mélancolique, inguérissable, empalée sur un romantisme à deux sous, arrosée de larmes perpétuelles, de ces êtres déliquescents fabriqués de souffrances intellectuelles et de contemplations solitaires. Je leurs préfère assurément les hommes mieux faits pour la joie, formés pour la vie rugissante, se satisfaisant d’infini et d’absolu et traçant leur chemin également sous les coups ou les caresses.
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Sole, Mare, fascismo
- Le 10/05/2024
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Le seul communisme que je respecte est celui de la famille. Pour le reste, je suis parfois fasciste.
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Diner de barricades
- Le 30/03/2024
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Aujourd'hui, diner de barricade dans l'angle mort des quartiers populaires. Les vieilles hiérarchies sont branlantes, l'humain devient étranger à sa propre essence. La révolte est dans l'instant, nous allons renouer avec la beauté des commencements. Les barbares n’auront pas leur mot à dire sur la manière dont nous nettoierons leur sang quand nous nous serons libérés.
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Les cheminements hasardeux,
- Le 14/02/2024
- Dans Ligne de faille
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J’ai toujours été fasciné par les cheminements hasardeux, les tâtonnements incertains, les concours de circonstances et les rencontres fortuites, qui finissent par trouver la cohérence d’un tableau impressionniste et tirent un bras d’honneur au déterminisme.
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Une vie plus haute que la vie
- Le 07/12/2023
- Dans Lexique
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Il faut ordonner tous ses actes à des valeurs absolues, plus hautes que la vie, en ignorant le martyr superflu, la roulette russe et les seins de Lola !
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Magic & Pasta
- Le 11/10/2023
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Je suis passé d'un esprit de kiboutz à celui de réactionnaire baroque, pour terminer à la pasta all’arrabbiata. C'est dire si ma vie est pleine et riche !
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Serments irréfragables
- Le 18/09/2023
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La vie est la combinaison de poésie, de vins délétères et de serments irréfragables.
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Le monde se chargera de vérifier, une à une, toutes mes intuitions
- Le 29/08/2023
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Bar de la Plage
- Le 20/08/2023
- Dans Ligne de faille
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Toutes les nuits, nous refaisons le monde au bar de la Plage. Nous fabriquons des soleils levants, de nouvelles civilisations dont nous sommes les cariatides. Et dire que l'on nous prend pour de simples piliers de bar...
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Je cherche un sentiment d'été
- Le 29/07/2023
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J'ai envie d'une plage, de brume de chaleur au dessus de la mer et d’un vent souple. Je cherche un sentiment d'été, ce mélange flou entre la vapeur du hammam et le mince filet de fumée d’une cigarette.
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Actualité : Epoque insouciante
- Le 16/07/2023
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Jane ne chantait pas, elle murmurait, elle ne jouait pas, elle minaudait, à l'ombre dévorante d’un Gainsbourg excentrique. Ce n'est pas Jane Birkin que les gens regrettent, c'est l'époque insouciante qu'elle incarne : rebelle, gracieuse, tempétueuse.
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Actualité : Le défilé des gardes chiourme
- Le 14/07/2023
- Dans Coupure de presse
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Policiers, gardiens de prison, douaniers : le défilé du 14 juillet est devenu l’hommage rendu par des moutons à des chiens de garde. Demain y défileront les gardes champêtres, procureurs, juges d’instruction, et même les avocats en robe de corbeaux.
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Laisser prospérer le Mal
- Le 15/12/2022
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Intuition palpable que pour protéger le monde, il convient de laisser prospérer un peu le Mal, la damnation de ses péchés capitaux.
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L'envie d'aventure
- Le 16/11/2022
- Dans Ligne de faille
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Il me faut, à portée d’envie, une gare, un port, un aéroport, un chemin. Quelque chose de concret, une corne de brume, une odeur de kéro, un coup de sifflet, comme un coup de fouet, qui rappelle perpétuellement l'envie d’aventure, le pressentiment de passions à naître.
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A contre-courant !
- Le 18/10/2022
- Dans Ligne de faille
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Deux urgences peut-être : reprendre de la lenteur, le faire à contre-courant.
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Reflet de l'âme
- Le 13/09/2022
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Quand certaines conditions sont réunies, le reflet de mon âme peut être contemplé sur la mer.
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Demain, je pars ! Une phrase comme un programme de vie
- Le 29/07/2022
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L'ennui des aventuriers
- Le 22/06/2022
- Dans Citations
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Il faut se méfier de l'ennui des aventuriers : s'ils ont de l'immense devant eux, ils s'émerveillent, quatre pieds d'horizon les tuent.
Georges D'Esparbès
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Les aubes glorieuses
- Le 15/06/2022
- Dans Pneumatiques
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A vingt ans on rêve d’aubes glorieuses, de rades sordides, d’amitiés sincères, de coups de feu, de poing, de tabac. Plus tard, on rêve d’aventure, la maladresse de la jeunesse en moins, l’épaisseur d’une vie d’adulte en plus
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Joyeuse sédition selon Matthieu (Part 3)
- Le 26/05/2022
- Dans Joyeuse sédition selon Matthieu
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Briga regardait Jovis. Plus exactement, elle le scrutait, décryptant dans ses traits tous les signes des faiblesses qu’elle connaissait par cœur. Le maquillage ne voilait rien, il creusait même, en fin de journée, des sillons épais qui laissaient tout deviner. Le cabotinage lorsqu’il avait cette mimique ridicule de garçon boudeur, les hésitations lorsque les yeux s’ouvraient trop arrondis, la peur lorsque les narines se dilataient et qu’il semblait perdre haleine, le ton agressif qu’il prenait, le petit rictus hautain qui lui creusait la joue et lui fermait les paupières. Il n’était pas beau, car il transportait à la fois trop de méchanceté et d’ignorance pour l’être. Il était une grimace qui n’arrive pas à se poser. Il n’était pas beau, mais il avait de la chance. C’était d’ailleurs toute son histoire récente. Porté par les trusts, flatté par les medias, il avait profité du système électoral défaillant de la démocratie pour être porté à la Présidence d’un pays avec 16% des voix. Depuis lors, il gouvernait sous téléguidage d’éminences grises dont la non-traçabilité rendait impossible l’identification. Il était donc officiellement le seul despote éclairé de ce coup d’Etat démocratique. Le lot habituel des alliances perfides, lâches, ainsi que les rêves mièvres et superficiels de la société firent échouer toutes les âmes en peine à ses pieds. Après le très court printemps, vint la saison de la répression qui coïncida avec la fin de la grande pandémie de coronavirus.
Briga était charnellement à Joris depuis les plus tendres années de ce dernier à qui elle avait fait découvrir son corps de femme. Les usages l’avaient pointée du doigt. Les ricanements avaient fini de l’aigrir. Elle avait gardé le goût des jeunes hommes, lui avait développé un rejet de la femme-amante au profit de celui de la femme-mère dont elle avait endossé l’habit. Elle portait en détestation tout ce vieux monde qui l’avait emprisonnée dans ce rôle de vieille fardée, attifée des robes les plus chères qui ne pouvaient cacher des fesses plates, des yeux enfoncés dans les orbites, des perruques ridicules. Son ventre récalcitrant lui avait refusé toute descendance légitime. Mais le légitime, elle s’en fichait. C’est pour cette raison qu’elle avait exigé que Jovis lui trouve une fille à adopter. Jovis, qui ne se sentait investi d’aucune mission procréatrice, vit dans cet événement un nouveau moyen d’exister différemment de ses prédécesseurs. L’intronisation de leur fille portait la revanche de Briga et la boulimie d’événementiel de Jovis. La révolte des Salafs et des Chaotistes n’y changeraient rien. Comme la fronde des Opposants, elles seront matées dans un succédané de justice. La force de Jovis était dans l’infatigable discorde des Français autant que dans ses soutiens invisibles, créatures qui venaient s’enrichir du chaos et du sang répandus. La pandémie avait arraché les derniers restes d’humanité de ce monde. Il se sentait en droit d’imposer, pour le bien des survivants.
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Tombé à Königsberg
- Le 12/04/2022
- Dans Ligne de faille
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Je hais les ruines. Je ressens tout naufrage de civilisation comme un malheur personnel, j'ai l'impression de sombrer avec elle. Je suis tombé à Constantinople, puis à Königsberg.
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Me convertir en homme
- Le 02/03/2022
- Dans Ligne de faille
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Je m'obstine, chaque jour, à me convertir en homme, à ne pas me corrompre dans une vie vautrée de roulure.
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Conservatisme révolutionnaire
- Le 13/01/2022
- Dans Coupure de presse
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L'état de grâce de l'hédonisme confortable du capitalisme et du progressisme prend fin ! L'inquiétude écologique fait renaître la peur du chaos, du manque, de la misère, qui sont les ferments des révolutions. Le règne de la consommation, des médias, disparaîtra dans l'état d'urgence d'une lutte immédiate, dans l'engagement total d'un conservatisme global.
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Ni gueux, ni maître !
- Le 15/12/2021
- Dans Ligne de faille
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Je n’aime ni les écuries, ni les chapelles ; leurs ambitions vaniteuses encombrées de certitudes, de la volonté de plaire. L’œcuménisme des confins, ces lieux brumeux où l’esprit s’évade dans le murmure d’âmes déchirées et de vigies héroïques, me tourmente.
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Jeunes filles et vodka
- Le 17/11/2021
- Dans Citations
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On sait bien que maintenant les filles - toutes les filles, même celles de bonne famille - sont plutôt vodka que camomille.
Alain Robbe-Grillet
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Les aventuriers ont des airs d’exilés
- Le 27/10/2021
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Les grands aventuriers ont toujours des airs d’exilés, à errer parmi les êtres et les choses, rêvant toujours d’un idéal à conquérir. -
Vénérer les héros sans s’attarder sur leur souffrance !
- Le 09/10/2021
- Dans Pneumatiques
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Aux confins d’un nulle part exotique
- Le 30/09/2021
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Ouvrir une ambassade aux confins d’un nulle part exotique, en bord de mer. Y boire du vin délétère et du café aristocratique, vivre. N’être que spontanéité et d’une énigmatique nonchalance. Rire, lire, écrire. Puis se taire. Certains silences ponctuent des siècles de bruit. Ne prendre au sérieux qu’une seule femme à la chevelure profonde. L’épouser. Se vérifier de temps à autre dans le miroir, sans complaisance. Vivre intensément, comme un Dieu ou une bête. Danser. Sobre, sombrer dans l’absolu, cette folie de condamné, de torturé. Apprendre à marmonner comme Gould, à éclater de couleurs comme de Staël. Vieillir. Soumettre sa force, son impérialisme à une œuvre, ou bien tout brûler. Et si l’Ambassade ferme, tout recommencer. Devenir serveur dans un bar d’Oymyakon, cavalier errant en Mongolie, marin sur un brise-glace, aventurier en Toscane, chanteur de charme à Cao-Bang, Lord désargenté en Argentine, tireur de sarbacane empoisonnée dans une jungle profonde. Puis acheter un bateau, faire naufrage, sur le sable laisser une empreinte éphémère.
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Colère bruyante et joie tonitruante
- Le 14/09/2021
- Dans Ligne de faille
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Je n’aime rien de ce qui ondule, frissonne, et tremble. Non plus la poésie mouillée qui se débat doucereusement dans le romantisme des soirées brumeuses, lorsque même les feuilles mortes des saules ont des douleurs languissantes. Je n’aime pas le couchant sanguinolent, le sang rare des corps diaphanes, les nuages éphémères et les aspirations vagues. Je préfère la fichue colère bruyante, la joie tonitruante, le froid, le brûlant, la folie enivrée, les cramés.
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Hemingway disait que le courage, c'est de l'élégance sous la pression.
- Le 29/08/2021
- Dans Pneumatiques
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Barbare
- Le 17/08/2021
- Dans Citations
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Me prenez-vous pour un barbare comme vous, et me croyez-vous capable de me divertir aussi tristement que vous faites ?
Charles Baudelaire
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Joyeuse sédition selon Matthieu (Part 2)
- Le 17/07/2021
- Dans Joyeuse sédition selon Matthieu
- 2 commentaires
Après trois heures d’infiltration, Matthieu arrivait enfin aux abords du quartier réservé, dernière enclave avant la Pépinière, résidence-fortifiée de Jovis, Président de ce pays. Son objectif était une des bâtisses offrant un angle de tir réduit, à presque 1 100 mètres de distance, sur le balcon où devait se dérouler une cérémonie en l’honneur de l’adoption d’une fille de treize ans par le couple présidentiel. La petite princesse démocrate devait succéder à Jovis et mettre symboliquement fin au patriarcat en France : la dernière mue, avaient annoncée les medias. Ce balcon était la seule faille dans le dispositif ultra sécurisé autour de Jovis, de sa femme, de sa cour.
Le quartier réservé était clos. Les portes d’accès avaient dû fermer dès les premiers feux en zone des Chaotistes. Rouleaux de barbelés, grillage de sept mètres de haut, miradors, postes et projecteurs, ne laissaient aucun passage possible hors des faisceaux lumineux et des patrouilles du service d’ordre rapproché : les Protecteurs. Matthieu savait instinctivement qu’il ne pouvait pas s’infiltrer dans cette zone. L’exubérance de sa virilité dépouillait avec outrance chaque citoyen de ce quartier de tout droit de lui ordonner quoi que ce soit. A l’intérieur, le petit monde des néo-démocrates vivait dans l’état de grâce de la Grande Libération de Mai, cette révolution portée par les médias et les grands trusts. La Grande Libération avait abouti à la rédaction d’une bâtisse mentale, Le Manifeste de la nouvelle Humanité, se substituant à la Déclaration des Droits de l’Homme.
Il prit position. Le froid s’installait, lui mordant la chair. Il craignait que la brume n’apparaisse. Dans le brouhaha des ruelles de la Qasabah, il percevait le bruit plus dense des gens qui se rassemblaient autour des braseros. Il effectua les derniers réglages des tourelles de la lunette, liés à l’angle d'inclinaison vers le bas. Il n’avait pas emporté son smartphone avec l’application balistique de peur de se faire repérer. Il serra la bretelle en cuir de son DAN, pressa la crosse sur les os de l’épaule, verrouilla le poignet, le fusil dans la paume de la main. Puis il souda littéralement sa joue sur l’appuie-joue, écrasant sa mâchoire presque douloureusement. L’odeur de graisse d’arme disparaissait sous celle des braseros. Il aligna les organes de visée sur la cible, à l’endroit exact où le tir devait arriver : pleine tête. Il ferma les yeux, respira profondément et complètement, relâcha son corps. Le fusil arriva au point naturel de visée. Jovis était là, dans son viseur ! Il secouait la tête avec cette moue d’enfant capricieux qui avait fait l’objet de tant de caricatures. Il appuya sur la détente.
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Retour aux nuits sauvages
- Le 27/06/2021
- Dans Ligne de faille
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A chaque éclipse je frémis d’un espoir incertain, d’une prière retenue. Et si c’était la fin de ce monde, le retour aux nuits sauvages !?
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Dernier verre avant la guerre
- Le 11/06/2021
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La guerre à portée de voix, où les portes flingues sont les porte-paroles d’une fraternité à l’état brut et où le parfum de poudre noire est un stimulant magnifique qui invite à l'exploit, qui incite à la bravoure.
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L’idée d’éternité
- Le 13/05/2021
- Dans Ligne de faille
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Nous allons devoir consacrer un certain temps à retrouver l’idée d’éternité dans cette société de l’éphémère.
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Joyeuse sédition selon Matthieu (Part 1)
- Le 29/04/2021
- Dans Joyeuse sédition selon Matthieu
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Encore quelques bonds et Matthieu sera à bonne distance. Jamais cette fichue ville ne lui avait semblé si amicale. Tout était recoin, angle de tir, point haut, abri. Trois jours qu’il travaillait sa reconnaissance le long d’un itinéraire de ruptures de trajectoire, de caches, de changement de tenues, de pas, d’allure. Il était un peu grisé par cette infiltration qui ne ressemblait à aucune de celles qu’il avait déjà pratiquées en milieu hostile, sous des latitudes tropicales. Il s’infiltrait dans son propre pays. Il était le poisson maoïste dans l’eau saumâtre d’un Etat de « démocratie absolue » ayant déployé l’arsenal du contrôle social, de la surveillance et de la répression.
Il avait revêtu une tenue urbaine, sombre, qui ressemblait à celles de ces groupuscules enfantés dans les quartiers bourgeois. Surnommés les Chaoistes, ils sillonnaient la capitale depuis plusieurs semaines. Immatures, violents, sans épaisseur, ils n’étaient animés que par le goût du sang en meute et de la rapine dans les boutiques fringues hip et hi-fi. Matthieu se disait qu’encadrée, entraînée, civilisée, cette jeunesse-là aurait pu trimballer la société vers une sacrée belle aventure. Mais derrière les banderoles outrancières éclairées par les coquetèles molotov, il n’y avait aucun idéal, aucune culture : rien d’autre que des cris, des gesticulations. Seul l’extrême vide de leur existence était partagé autour des autodafés qu’ils allumaient peureusement un peu partout dans la capitale, au début de la nuit, comme des bivouacs de guerre. Aucune victoire sur eux-mêmes ! Ca laissait entrevoir l’absence de toute victoire globale.
Matthieu s’approchait du quartier surnommé la Qasabah, la forteresse, au cœur de Paris, tenu par les islamistes. La nuit était tombée très vite. Il devait alors passer par les toits et les balcons. La rue était un piège où le blanc imberbe était voué à la lapidation sans sommation. Il se défiait de tout. Les Salaf étaient mieux organisés que les Chaoistes ; l’habitude des choufs, des trafics, des marques de souveraineté des caïds et de l’organisation des territoires. On trouvait là des arabes, des bosniaques, des noirs, des convertis en masse, des indonésiens, des gamins désœuvrés et des putes blanches qui subissaient les pires soumissions que leurs rêves de harem ne laissaient pas entrevoir sous le voile de l’amour libre.
Matthieu se redressait maintenant. Il restait sur ses gardes, le cou rentré dans les épaules, les muscles bandés. Il savait être taureau dans les bagarres, félin lors des infiltrations, caméléon dans l’attente d’un guet. Il sautait de faitière, en parapet avec aisance. Son arme, un DAN.338, était arrimée dans son dos pour ne pas faire de bruit. Simple d'utilisation, léger, il convenait parfaitement à la mission. Il avait aussi fait le choix d’un Glock 17 avec silencieux RDS Vortex pour le nettoyage, doublé d’une lupara sur une base Baikal IJ43, pour se dégager. Les Salafs avaient pratiqué des ouvertures dans les appartements pour se déplacer entre les étages et entre les pâtés de maisons sans avoir à sortir. Matthieu utilisait ces passages avec précaution. Certains étaient tapissés de douilles de kalach. Des tas étaient formés au pied des meurtrières ouvertes vers la rue. Il faisait régulièrement des pauses, dos au mur, silencieux, à analyser les bruits autour de lui. Cela lui permettait de faire retomber la tension.
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