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Actualité : 10 500 suicides de hipsters

Je me lève, je me lave, je me rase… « Je » est le personnage principal ! Ces actions sont les seules paresseuses de la journée. Les seules avouables sans travail préparatoire. Le reste est une explosion soudaine, éblouissante, caniculaire, comme un bon roman noir ou une tragédie grecque, qui sont de la même veine ancienne, instable. L'illusion théâtrale trompe toujours les naïfs. Les autres aperçoivent l’unité secrète se déployer. La femme, les fils y sont les acteurs avec les amis rares, la bastide et la mer … En face vous trouvez Dédé le Faux en comédien exubérant et en second plan quelques acteurs muets (les cadavres), des masques futiles accompagnés de dorures inutiles (les contemporains) et quelques urbains aux épaules effacées (les fantômes). Le charme, les rêves, les valeurs - j’en oublie sûrement- forment les chœurs armés de fusils mitrailleurs et d’espérances implacables.

Le théâtre est un terrain de jeu en phrases serrées, en péripéties intenses, en rafales claquantes, en fraternité, en coulées de sang nécessaires. Tout souligne l’héroïsme de notre personnage. Il y a l'action, la palpitation. On y croit. On a peur. On rit. On vit.

Il y a de moins en moins de spectateurs. Partis à la recherche d’effets spéciaux,  pulsionnels, en rupture, ils choisissent le roman SF pour cultiver leur angoisse collective tout autant que leur abandon de la réalité.

Cette année 2015, on comptera en France 10 500 suicides.

Moi, tous les matins je me lève, je me lave, je me rase…

Je me lève je me lave je me rase tragédie grecque le clan et les autres

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Commentaires

  • Litt&art
    • 1. Litt&art Le 11/09/2015
    Il faut lire le Journal impoli de Christian MILLAU

    Si, bien que le mot m'horripile, je n'ai rien contre la “décontraction”, je ne supporte pas l'avachissement. C'est signe de mauvaise santé, pour une société. Somerset Maugham a écrit, sur ce sujet, une nouvelle qui mérite d'être lue et méditée. C'est l'histoire d'un jeune fonctionnaire colonial anglais, nommé à Bornéo, au fin fond de la jungle. Il est le seul Blanc, et commande à une demi-douzaine d’ “indigènes. Soucieux de tenir son rang, il revêt tous les soirs son smoking et, après avoir levé son verre de whisky à la santé de Sa Majesté, il dîne, en solitaire, servi par ses deux boys. Les semaines passent. Il commence à trouver le temps long. La chaleur, les moustiques, le travail fastidieux … Il se laisse aller. Il ne se rase plus, se lave à peine, se met à pinter, et quand, le soir, il se traîne jusqu'à la table, il garde sa tenue de brousse qui, peu à peu, prend un aspect lamentable. Il sent monter autour de lui le mépris de ses boys, et bientôt, ce sera la chute. Mais, non : dans un sursaut de dignité, il réapparaît un soir dans son costume blanc et lève son verre à la santé du roi. Il sera à nouveau respecté et sa vie, aussi pénible soit-elle, retrouvera son sens. C'est sans doute idiot, mais cela porte un nom qui ne l'est pas : le respect de soi.

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