Lettre d'un père à son fils
Lettre d'un père à son fils
Les vertus que vous cultiverez par-dessus tout sont le courage, le civisme, la fierté, la droiture, le mépris, le désintéressement, la politesse, la reconnaissance, et, d’une façon générale, tout ce qu’on entend par le mot générosité.
Le courage moral, qui a une si bonne presse, est une vertu facile, surtout pour celui qui ne tient nul compte de l’opinion. Si on ne l’a pas, l’acquérir est une affaire de volonté, c’est-à-dire une affaire facile. Par contre, si on n’a pas le courage physique, l’acquérir est une affaire d’hygiène, qui sort du cadre que je me suis tracé ici.
Civisme et patriotisme ne font qu’un, si le patriotisme mérité son nom. Vous êtes d’un pays où il y a du patriotisme par saccades, et du civisme jamais ; où le civisme est tenu pour ridicule. Je vous dis : “Si vous êtes patriote, soyez-le sérieusement”, comme je vous dirais : “Si vous êtes catholique, soyez-le sérieusement”. Je ne fais pas grand cas d’un homme qui défend avec vaillance, en temps de guerre, le pays qu’il a affaibli par mille coups d’épingle en temps de paix. N’ayez pas besoin que votre pays soit envahi pour le bien traiter. Conduisez-vous aussi décemment dans la paix que dans la guerre, si vous aimez la paix.
La vanité, qui mène le monde, est un sentiment ridicule. L’orgueil, fondé, n’ajoute rien au mérite ; quand j’entends parler d’un “bel orgueil”, cela me laisse rêveur. Non fondé, il est lui aussi ridicule. La seule supériorité de l’orgueil sur la vanité, c’est que la vanité attend tout, et l’orgueil rien ; l’orgueil n’a pas besoin de se nourrir, il est d’une sobriété folle. A mi-chemin entre la vanité et l’orgueil, vous choisirez la fierté.
La droiture est ceci et cela, et en outre elle est une bonne affaire. Elle obtient tout ce qu’obtient la rouerie, à moindres frais, à moindres risques, et à moindre temps perdu.
La désintéressement n’a d’autre mérite que de vous tirer du vulgaire, mais il le fait à coup sûr. Toutes les fois que, pouvant prendre, vous ne prendrez pas, vous vous donnerez à vous-même cent et mille fois plus que vous ne vous fussiez donné en prenant. De toutes les occasions dont vous ne voudrez pas profiter, dans le monde invisible vous vous bâtirez une cathédrale de diamant. La France d’aujourd’hui a créé un certain nombre de mots véritablement obscènes, parmi lesquels celui de resquiller. Ne resquillez pas, fût-ce dans le domaine le plus humble, car cela va du petit au grand.
Le mépris fait partie de l’estime. On peut le mépris dans la mesure où on peut l’estime. Les excellentes raisons que nous avons de mépriser. Qui ne méprise pas le mal, ou le bas, pactise avec lui. Et que vaut l’estime de qui ne sait pas mépriser ? J’avais toujours pensé qu’on pouvait fonder quelque chose sur le mépris ; maintenant je sais quoi : la moralité. Ce n’est pas l’orgueil qui méprise ; c’est la vertu. Aussi sera-t-il beaucoup pardonné à celui qui aura beaucoup méprisé. Et encore j’ajoute ceci : qu’il n’y a pas besoin de n’être pas méprisable, pour mépriser.
Lettre d'un père à son fils- Henry de Montherlant
Les boutefeux de Terra Ignota
Rechercher sur Terra Ignota
- Antifixion
- Bruno Deniel-Laurent
- Les dessous chics ou le blog Picard
- Le philosophe sans qualité
- Braconnages from Paname
- Feu sur le quartier général
- We are Julius
- Thierry Falise
- Zones subversives
- Le site sur Micberth
- Jacques Rigaut
- Anar de droite
- Pôlemostasis
- Le blog de Jacques Perret
- Carnets de JLK
- Savoir-vivre ou mourir
- Article 11
Aucun élément à afficher
- A la manière de
- Le vieil homme
- Tu seras un homme mon fils
- Testament d'un européen
- L'art du commandement
- La lente agonie des karens
- Entretien avec Nimier
- Stabat Mater
- La maison Vidocq
- Manisfeste d'une génération
- Le Talent
- L'homme est né pour le bonheur
- Déclaration de Saint Marc
- Allez dire à la ville
- Le beau est toujours bizarre.
- Les phares
- Lettre d'un père à son fils
- Vivre avec grandeur
- Etre au delà des hommes
- Non, merci !
- Qu'est-ce qui est noble ?
- La colère des Légions
ANIMAL DE MAUVAISE COMPAGNIE
FLIBUSTE
CHEVAUCHER LE LION
DEFRICHER, BATIR
FILIATION
COMMANDEMENT
BOUSCULER LE MONDE
CONSIDERATION
TRACER SA ROUTE
PROFESSION DE FOI
A TOUTE VITESSE
- Par Alphonse
- le 31/12/2018
- Par Marignac
- le 30/12/2018
La classe, comme toujours, ami… Je m'enorgueillis de te connaître.
- Par Marignac
- le 13/11/2018
- Par Jo
- le 23/10/2018
- Par Ron
- le 09/10/2018
- Par Fanen
- le 03/07/2018
- Par Tourment
- le 03/06/2018
- Par Tourment
- le 03/06/2018
- Par Ron
- le 03/06/2018
Cette fin du monde est la plus longue de l'Histoire. Qu'on en finisse !
- Par Philippe
- le 09/05/2018
- Par Piqûre d'Adrenaline
- le 22/04/2018
Au pullulement des passions déréglés et insatiables pas de limite pour trouver la vertu et la joie.
- Par Charline
- le 22/04/2018
- Par Goosum
- le 22/04/2018
- Par Jacques Tauffart
- le 19/03/2018
- Par marignac
- le 14/03/2018
Encore un très beau texte, rageur et efficace. Avec amitié, TM
- Par Gislhain
- le 05/03/2018
- Par louis--marie
- le 18/02/2018
LA LOUVE
LA VIE, LA MORT, LA NATURE
LA VIE, LA MORT, LA MER
LA VILLE, LES TEMPS MODERNES, LA VIOLENCE
EMPREINTE
Tags
MOLOTOV COQUETELE
BARRICADES ET BLOODY MARY
OPEN WAR
METTRE LES POINGS SUR LES I
NOUS, ON FAIT DANS LE PLOMB
LE GOUT DU SABRE ET DU CASSE TETE
Ajouter un commentaire