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Steve Cutts
Steve Cutts
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Blue jeans, dents souriantes, alignées et permanentées, tisheurt équitable, savon bio sur tatouage ethnique, épaules effacées, metronews anorexique, casque audio, musique basique, chaussures de sport… cosmopolite par ses vêtements, sa pensée, son attitude, le quidam rejoint le flux. Ils convergent tous, en trottant, vers ces bouches dégoûtantes du métropolitain. Là, sous terre, ils se reconnaissent, se frottent, se serrent craintifs, intégrés. Ils courent, dévalent les escaliers. En bas, ils s’agglutinent encore un peu plus en attendant la rame de la Ligne 01, la jaune. Station Nation… L’écho de la rame au loin… pression. Arrivée de la rame… compression. Ouverture des portes… flux, reflux.
- « kurwa, eux être bite à cul », juge crûment ce légionnaire slave avant de rebrousser chemin pour une promenade au grand air qui convient mieux à sa carcasse robuste comme à sa tenue soignée.
Dans le wagon, leur nid de quelques minutes, ils ne parlent plus, ils couinent… des bribes de chansons, un borborygme à la dégustation d’un starbucks au donut, un gloussement à la lecture d’un gros titre racoleur et décalé… ils sont chez eux, se remaquillent les lèvres dépulpées, se coiffent le poil sec, se curent les griffes… comportement de rat social.
Le rat dominant a son portrait partout sous forme de publicités interchangeables en format xxl, qui délivrent le même message subliminal à 80 Km/h. Il leur parle dans les écouteurs, branchés directement au cerveau. Il leur écrit sur des tracts qu’il distribue gratuitement à l’entrée de ses grandes bouches…
Sale siècle. Efficacité redoutable de la toise universelle.
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