Pneumatiques
Quelque chose de léger, un surgissement, une fulgurance.
Du vent de l’hiver il ne reste plus rien
Par louis--marie | Le 11/04/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
Je vais m'asseoir là, sur la terrasse au bord de mer.
Le vinyle craque sous les notes de Chet Baker.
L’ivresse n’est pas venue. C’est pourtant une nuit à faire des feux d'artifice.
Tout me semble soudain si tamisé à l’ombre d’un soleil qui s’endimanche.
Du vent de l’hiver il ne reste plus rien à part quelques frissons.
Les longs jours des grandes plages encore muettes
Par louis--marie | Le 07/04/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (2)
Prolonger la belle saison des longs jours des grandes plages encore muettes d’avril.
Et tant qu’à mal faire
Par louis--marie | Le 03/04/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (2)
Avoir les haines enthousiastes, les insolences illégitimes ... et tant qu’à mal faire, être indifférent à leurs échos.
On ne sait jamais comment la colère est née
Par louis--marie | Le 21/03/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (10)
L’appartement était dans un quartier qui n’avait aucun humour mais compensait avec une certaine poésie de l’abandon à laquelle il restait insensible : charme mélancolique, fausse intimité façonnée par un quotidien bourgeois. Il regardait la place à travers les persiennes de fer de la fenêtre, au troisième étage. Le front appuyé sur la fraîcheur de la vitre, il apercevait les pavés descellés de la rue dont le nom porté sur l’émail bleu de la plaque lui rappelait sa jeunesse. Son souvenir se promena quelques instants dans la rétrospective des années qui ont inventé la mélancolie des fast-foods et la poussière soulevée par les chevaux des néo-hussards. Il pensa en souriant à cette belle famille d'esthètes chaotiques qui avait fait de son adolescence une longue saison amusante. Il se souvint qu’il avait prolongé cet âge ébouriffé avec des petits moments faciles de Sisyphe heureux, de réactionnaire entendu. Il avait vécu ensuite, dandy insolent et rieur, séduit par les belles flambées que le vent transporte.
Sa pensée fut distraite par les photos posées sur le marbre de la commode du salon : un vieil indien Taos au visage parcheminé et une inuit Iñupiat dont la tignasse se mêlait aux poils de sa capuche fourrée. « Civilisations éteintes, exterminées par le Progrès idéologique » pensa-t-il. Il appuya les cinq premières notes du Requiem en ré mineur de Mozart en passant à côté du piano du couloir. Il s’arrêta face à la bibliothèque ventrue, anarchique. Merveilleux fouillis fait des dialogues rugueux, de prières de ruffians et d’espoirs de martyrs. L'idée que les mots se promenaient si près de ses certitudes l’avait toujours fasciné. Entre deux livres, il retrouva une bouteille entamée d’un single malt Ardbeg distillé sur la côte sauvage de l'ouest de l'Écosse. Il appréciait cette odeur tourbée qui évoquait le tarmac chaud après une pluie d'été. Plus loin, après la bibliothèque, dans la chambre beige qui s'ouvrait à droite, quelques peintures attendaient depuis des années d’être accrochées au mur. Son sac était posé sur le grand lit. L’odeur musquée du tabac froid, le calme de l’appartement, l’ordre dépoussiéré, prolongeaient l’idée de départ imminent.
Avant de fermer la porte, dans le petit vestibule, il décrocha les photos de famille du cadre du miroir. Il laissa passer un sourire en regardant les portraits de sa femme et de ses enfants ; soulagé de les savoir à l'abri dans la solidité d’une vieille bastide. Là-bas, ils étaient invincibles sous le regard fraternel des gens du pays qui calculent encore le temps en saison. Il ne lui restait que quelques minutes avant que sa présence ne soit remarquée par les bandes urbaines qui écumaient le centre-ville. Sur le pas de la porte, il se demanda comment ce monde en était arrivé à cet état tendu qui fait passer du rire aux lames, de la civilisation aux hordes, des feux de la Saint Jean aux colères hurlées à la lueur des Molotov et des tirs éclairants des GL-06 de 40 mm.
En sortant de l’immeuble, son acuité dopée à la sensibilité de l’insomnie et à la lucidité du jeûne se heurta aux hurlements suicidaires du siècle. A l’angle de la place, l’hôtel néo-gothique avait été pillé et souillé de graffitis qui livraient le monde au vagabondage et au ravage de mots mythomanes et exhibitionnistes. Les jeunes arbres de la place minérale avait été arrachés. Les étals des bouquinistes avaient été brûlés ; les livres éventrés se rependaient en une longue traînée blanche qui prenait fin dans la bouche du métro.
Il sentait en lui cette colère nouvelle, floraison tardive des chahuts vivaces de sa jeunesse. Il passait maintenant devant les mots, en première ligne dans le parfum lourd et tenace de la guerre.
Pige certifiée à l’acte
Par louis--marie | Le 17/03/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
Pour écrire, je prends au hasard, un fragment vraisemblablement authentique et personnel - pige certifiée à l’acte - que je confonds avec mes rêves.
A l’ombre des grandes canonnières
Par louis--marie | Le 08/03/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (4)
Plus personne ne se baigne à l’ombre des grandes canonnières, sur les plages froides de l’Atlantique.
Oh ! s’en foutre. S’en foutre, est une possibilité. Prendre quelques milles d’indifférence...
Mais voilà que le long des golfes bleus, contre le reflet clair d’une digue abandonnée à la nuit, j’ai vu une femme postée en sentinelle. Et il me plaît de croire que son parfum d'envolées animales n'exista que porté par un frisson venant des rives de méditerranée, où les femmes ont des fusils et méprisent les hommes qui ont fui.
08 mars 2016,
Canonnière « La Rebuffade »,
au large des côtes bretonnes.
Ne rien prendre à la vie que je ne puisse lui rendre
Par louis--marie | Le 03/03/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
Je veux de l’ aventure, de la friche, de la gueulante, de l’espace, du plaisir, du beau, de l’atmosphère, du taiseux, de la nicotine, du râcleux, du vieux, de l'affamé, de la mitraille, du biffin, du sang, du sans colorant, de l'éphémère, du dispendieux, de l'absinthe, du soiffard, de la vindicte, du baroque, du fauve, du dandy, du courage, du corsage, du cheval, de la morale, de la princesse, du serment, de l'hurlant, du bivouac, (...), du manant, du tripot, du cureton, du forban, des flambées, du ravage, des rivages, du manoir, de la tourbière, du couillu, de l’indocile, du bois, du cerf, du viandard, de l'infréquentable, de l’immédiatement, du tarmac, du départ, du retour, de la charcutaille, de la razzia, de l’irruption, de la vitesse, de l’inflexible, de la faconde, du conjuré, du fragment, du méta, du la la la, du loup, de l’indifférence, de l’intolérance, de l’intrigue, du sensuel, (...), de la déflagration, du roc, de l’élégiaque, du vrai, du frais, de la mer, du bleu, de l’agitation, de l’aristo, de la ribote, de la chaumière, de l'inaimable, de la baston, du fier, du fromage, de l’alambic, du ruffian, de la marmaille, du bruit, de la fulgurance de la morale, des valeurs, du terreux, du mataf, du clanique, du propre, de la promesse, du valeureux, du bouquin, (...), du flingue, du cran, Elle, de l’amitié, de la fidélité, de la générosité, de l’authentique, du bémol, des rides, du tout, du encore, du plus loin, …
...
Un âme d'écorcheur
Par louis--marie | Le 24/02/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
Je ne lis que des livres où les personnages sont des écorcheurs espérant confusément y trouver le secret de mon âme.
Un gallon ½ de sang pour toute fortune
Par louis--marie | Le 22/02/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
Un gallon ½ de sang pour toute fortune. Du muscle et des os pour la transporter, une peau pour la protéger, un cœur-tambour pour la distribuer. Reste une âme à inventer.
Protocole de solitude...
Par louis--marie | Le 26/01/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
La France manque de déserts ; il n’y a pas assez de causses, de landes, de maquis ou de côtes sauvages dans notre pays et dans nos âmes. C’est triste un pays de macadam, de béton et de raison.
Il existe toujours des lieux inutiles où se perdre
Par louis--marie | Le 24/01/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
Il existe toujours des lieux inutiles, sources d’imminentes joies de vivre, où l’on risque encore de se perdre d’être surpris.
Nuit blanche au 37
Par louis--marie | Le 07/01/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
L’insomnie bâtarde, mi-cauchemar, mi-réelle, marchant dans les flaques de poésie, et les cafards. Heure du rapport des hommes en disgrâce, les yeux rouges, la tête ouverte à la gravité, les pas perdus, et ces violons en arrière fond qui portent des chants stridents dans une orchestration pour nuit blanche. Je ralentis encore le rythme pour faire croire au sommeil. Quelques pas se consument au loin dans la rue Sainte Victoire et laissent place aux vibrations infimes qui tombent sur ma peau froide. Je prends une pose nonchalante, souris de la persistance du métronome cardiaque, du sang qui coule dans la tuyauterie, du bourdon de la machinerie. Je mets ma cagoule noire de bourreau, faisant croire aux ombres à mon heure d’autocritique. Et lorsque, croyant le moment propice, cette saloperie de mélancolie sort de sa tanière noire, je l’exécute d’un coup de hache brutal ! Putain de traquenard ! J’écrase son exosquelette de cancrelat. Gicle son sang malsain, ses viscères d’ignoble rampant. Je chasse l’odeur fade d’un rire tonitruant. J’introduis la clarté, une petite flambée. Je reprends du souffle, me défais des ombres qui s’accrochent comme des débris. J’enfoncerais bien encore quelques aiguilles chauffées à blanc dans le corps disloqué du triste cadavre qui s’effondre à mes pieds. Je n’ai jamais eu la victoire magnanime. Je la préfère totale, exultante et sanguinaire ! Je décapite pour l’exemple quelques mots obscènes, crucifie quelques terreurs, fauche les champs lexicaux des lamentations, je pends les phrases de démission et de fuite. La faim revient, l’odeur de l’herbe humide également, par la fenêtre entrouverte où s’immisce l'envie de tout. Je fredonne inconsciemment une vieille mélodie aux doigts légers. La vie mérite ces instants d’ivresse. J’avais oublié toutes les preuves de la joie. Je les mettrai dans le barillet de mon pistolet pour le grand matin. Je plonge maintenant mon regard dans le halo naissant de l’aube : derrière la brume, soudain, la bonne humeur devant l'accablante beauté des yeux du matin. La joie est bleutée, saturée de possibilités.
L’indéniable supériorité du baroque sur le moderne.
Par louis--marie | Le 04/01/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (2)
J’ai maintenant l’endurance de plusieurs années d’existence pour pouvoir affirmer sans trop de nuances qu’une vie accomplie, comme dans un roman de José Giovanni, ressemble à une ferme fortifiée avec une femme authentique, une cavalcade d'enfants, des amis hauts en couleurs, des armes légères et du vin de Loire. L’indéniable supériorité du baroque sur le moderne.
Dehors il fait un temps de mort et de fureur.
Par louis--marie | Le 01/01/2016 | Dans Pneumatiques | Commentaires (9)
Certains hommes s’occupent, d'autres s’ennuient autrement dans un langage qui colle au monde. Dehors il fait un temps de mort et de fureur.
Minuit sonne toujours autrement qu'une autre heure
Par louis--marie | Le 27/11/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
La nuit tombe au loin, on entend minuit comme un bruit entre le passé et le présent, comme douze coups dans la nuit noire de l'âme. "Minuit sonne toujours autrement qu'une autre heure" assurait fermement Xavier Forneret.
J’emprunte le rythme du froid
Par louis--marie | Le 24/11/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (2)
J’emprunte le rythme du froid : feu, nuit d’automne. Cette atmosphère de blues propice aux raids sur les eaux douces amères des beautés que l'on réprouve : la langueur, la mélancolie, la démence.
Avoir du cran
Par louis--marie | Le 20/11/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
J’ai l’esprit taché de sang et la lame trop propre…
#LaBarricade
Par louis--marie | Le 16/11/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (7)
Je me suis souvent demandé ce qui pouvait être à l’origine d’une vraie révolte. Je veux dire l’événement déclencheur, le boutefeu, la dernière goute d’essence qui, débordant, enflamme la première bouteille incendiaire. S’agit-il du coup de poignard incertain d’un audacieux fantasque, du sursaut du dernier asticot de la lente décomposition de l'empire, de l’élégante désinvolture d’une génération turbulente, ou la chair aimable de jolies victimes ?
Toujours est-il que cette fois-ci, c'est par un simple hasard que cette barricade s’est improvisée au carrefour en bas de chez moi : je déménage. L’affaire n’a rien de prémédité. L’idée a surgi comme ça, à l’aube par un ciel dégagé, d’un bleu pâle de réveil. Quitter le malentendu de la ville m’a semblé être la seule aventure possible ; comme l’authenticité du désert s’impose à l’ermite. Si je dois résumer parfaitement mon état d’esprit dans l’urgence de quelques mots, je dirais : trouver une cabane sur les bords de mer et écrire l'ultime vers du dernier poète.
Je me suis donc mis à vider mon appartement de sa surcharge pondérale accumulée à force de modernité. Le socle de « La Barricade », - appelons-là comme ça puisque c’est ainsi que les journalistes la nommeront dans quelques heures - est constituée d’un énorme frigo américain ! Seul, il n’a rien d’inquiétant avec ses rondeurs. Mais l’américain grassouillet a vite été entouré d’une collection de cartons de livres insignifiants, d’une télévision grand-écran, de la collection lave-linge, sèche-linge, range-linge, lave-vaisselle, mange-disque. Etrangement, sans que cela ne me surprenne vraiment, quelques voisins discrets vinrent y agréger leurs encombrants, si bien que rapidement la construction s’est frayée un chemin vers les pavés de la rue qui l’accueillirent ès-fonction. « Belle barricade parisienne », souligna un guide japonais en passant avec sa section d’appareils photos.
A l’heure de l’apéritif, le patron du Café du Fashion Commerce, haut-lieu de la politique de quartier et rendez-vous de quelques happy few artistiques, planta un panneau [Art éphémère – Modern Utility movment] et mit deux de ces jeunes serveurs androgynes à prendre des photos où sa devanture et La Barricade se partageaient le premier rôle. Dès le début d’après-midi la popularité du hashtag #LaBarricade trouvait un écho chez les artistes, les communautaires et autres suiveurs patentés.
La Barricade fut à l’origine de ce que les promoteurs ont appelé : « la nuit des barricades.». Une soirée nationale qui commença vers 19h00, amalgamant le concept de la journée officielle des voisins à celui de la manifestation encadrée des indignés. Logotisée par une agence de pub, dans ce triste dégradé noir-gris-blanc, La Barricade devint étendard puis pancarte. Renoncement ultime, la presse titra : « La révolte est une performance comme une autre ».
Se soustraire à la politique, rend apte naturellement aux hautes valeurs
Par julius-falco | Le 10/11/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (9)
Parler de politique revient à manquer de conversation. L'élégance, les bonnes manières et l'assurance devraient suffire à nous reconnaître.
Me saouler au vin d’honneur et imposer le romanesque joyeux.
Par louis--marie | Le 08/11/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (8)
Je rêve de forêts de pendus, de collines de pals, de réverbères garnis comme des mâts de cocagne où gigoteraient tous ces sybarites mollement contemporains, sans aucune volonté pour se contraindre, aux épaules de pleutres coulant sur des omoplates avachies. Je veux massacrer ces diseurs de bonne aventure qui se soumettent, s’avilissent et se corrompent sous couvert d’une innocente débauche, prenant la certitude de la mort comme excuse de leurs reniements. Je veux me répandre sur la ville, concasseur de mâchoires, briseur de trêve, et imposer le romanesque joyeux d'un Athos membre de l'Ordre de la Jarretière et de l'Ordre du Saint-Esprit. Et là, me saouler au vin d’honneur ! Etre alors rayonnant de tortures, comme un homme !
Une alliance où rien ne tremble.
Par louis--marie | Le 06/11/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
De l’Amitié : encore est-il que quelques-uns l’ont prise au sérieux jusqu’à en mourir.
Certitude du bivouac
Par louis--marie | Le 04/11/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
L’aube se traîne dans un café noir et la rêverie, sous une brume légère de cinq heures du matin découvrant en clair-obscur la clairière du bivouac. J’avoue un goût étrange pour ce moment qui, comme aucun autre, parle de solitude et de certitude en même temps.
La vérité de la peau, des os, et du sang répandu.
Par louis--marie | Le 01/11/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
Il y a un grand charme à renoncer à la douceur torpide de la ville de ses vingt ans dans le matin bleu, lorsque la lumière naissante est une promesse. A préférer l’orgueilleux instinct qui fait disparaître les dernières traces de somnolences et pousse les grands fauves à la belle mise en scène des conquêtes et du sang répandu ; à la vérité de la peau et des os, aux cicatrices ; et à la dernière tanière, quand tombe la nuit de fin du monde avec ses airs séducteurs.
Avoir le monde en main et dans son salon caresser un chat.
Par louis--marie | Le 28/10/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (11)
'Il faut se méfier des réactionnaires qui n'aiment ni les chats pour leur insolence, ni les chiens pour leur fidélité.'
De la poudre à l’encre
Par louis--marie | Le 26/10/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (2)
Il est toujours préférable de passer de la poudre à l’encre. C’est une preuve que sa jeunesse a été explosive ! Je trouve étranges ceux qui se construisent un désespoir avant de bâtir une vie.
L' atlas désinvolte
Par louis--marie | Le 15/10/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
J’ai une conception romanesque de la géopolitique pour avoir été instruit entre un pistolet et une bibliothèque.
A la portée des hommes
Par louis--marie | Le 12/10/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
L’homme n’est capable que de hasard, Dieu seul offre un destin.
Revenir aux grands incendies barbares
Par louis--marie | Le 06/10/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
J’aspire à la fureur des grands incendies qu’Attila allumait le soir après avoir décimé la population d’une ville pour avoir osé refuser lui ouvrir les portes au matin.
Ils arrivent, lui part !
Par louis--marie | Le 04/10/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
Train, place fenêtre, la pluie remonte la vitre entrouverte. Il sent le vent froid. La vitesse floute le paysage proche et le transforme en code barre horizontal que la distance finie par engloutir. Les dernières lumières rasantes découpent l’air en d’étranges jeux d’ombres névrotiques. On rentre dans le tunnel. Bruit plus sourd, odeurs fades. Les oreilles se bouchent. Les secousses s’amplifient, se durcissent, les lumières s’éteignent. Les os grincent. Le cœur se crispe. Bruit de freins rouillés. Des cris ouatés mélangés aux crissements des ongles sur les tissus des fauteuils de première classe. Impossible à transcrire, un peu comme une angoisse glacée, élégante et étouffée. Le long glissement sur les rails qui vient courtiser l’imminence du danger. Les yeux perplexes des voyageurs. Les visages bleus qui se renvoient des regards déjà submergés.
Un brasero rouge grandiloquent joue le rôle vulgaire de la lueur au bout du tunnel. Les odeurs et le vent et la nuit reprennent le rail cadencé. Lui retourne à l'inventaire encombré de ses balafres, imbibé de noir. Il se déleste de ses derniers souvenirs dans le reflet rapide d’une flaque bleue, profonde et mélodique.
Une voix grésille pour annoncer l’imminence du terminus et de ne rien oublier dans le compartiment. Les hommes remontent leurs ceintures, les femmes tirent sur leurs bas. Contrôle fébrile des poches, des sacs, des valises, des vestes, des manteaux, des peurs, des messages qui ordonnent déjà.
Il se lève, laisse tout derrière lui. Il n'a aucun rendez-vous.
Ils arrivent, lui part !
Finistère, 17h00, bar des Brisants
Par louis--marie | Le 24/09/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
Finistère, 17h00, la marée étale est dérangée par le vol bruyant de quelques mouettes. Les nuages sont taillés droits et bas, comme une peinture de Maynard Dixon. C'est un temps à s'enfermer dans un bar avec des rêves de nouveau monde. Le bar des Brisants est un havre de marins capables de tenir un verre, l’ennui des escales, un coup de poing, sans broncher. J’avais justement besoin de liqueurs troubles, d’hommes perdus, de tension pour tailler mes espoirs à la dimension des rafiots rongés par le sel et les voyages.
À la fin du jour, quand la chaleur du soleil sera définitivement apaisée, alors je descendrai au bord de mer prendre la température de l'aventure.
Hôtel Lutétia
Par louis--marie | Le 22/09/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (3)
Rien n’exprimait mieux la solitude que ce pianiste de l’Hôtel Lutécia à 17 heures en automne.
Télégramme sans lendemain
Par louis--marie | Le 21/09/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (13)
BOUTEFEU ATTEND FEMME FLAMBOYANTE ET AMI EXPLOSIF AUX ACCENTS DRAMATIQUES POUR ACTION UNIQUE, DECISIVE, DE RUPTURE – STOP - CONFIRME IMMINENCE DESTRUCTION MINISTERES CULTURE ET EDUCATION – STOP – PREVOIR LONGUE FARANDOLE SUR RUINES FUMANTES – STOP – PROMESSE DE MORT VIOLENTE, GRANDIOSE ET ROMANTIQUE – STOP - RENDEZ-VOUS MINUIT SUR BARRICADE – STOP.
Le gros cul des écrivains
Par louis--marie | Le 19/09/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
Auteur, j’aime bien ce titre. En littérature, il laisse entendre bien de choses que le mot écrivain masque derrière son gros cul. Faut-il souligner que ce nom est du même arrondissement que l’artiste – dans le 1er du dictionnaire s’il vous plaît - et qu’il peut être entendu comme auteur d’un crime ou auteur d’un écrit. C’est d’ailleurs cette ambiguïté qui me charme, quand on sait que le crime pourrait être d’avoir botté le cul d’un écrivain. Auteur de crime de lèse-majesté. Mais dans cette caste, j’avoue une préférence pour l’auteur de roman ou de romans selon l’inspiration. Cette particule donne un air aristocratique, dégagé qui convient à une certaine insolence.
L’anti habite rue de la Pompe.
Par louis--marie | Le 15/09/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
L’« anti- » est plus certainement l’apanage de l'esprit bourgeois XIXème, qu’un indicatif de guerre bourré de tension urbaine. Il s’agissait alors de le mettre sur le devant de la scène pour prendre le contrepiedestal de l’aristocratie. L’anticlérical ouvre le chemin de l’antisocial. Et l’on n’a rien trouvé de mieux aujourd’hui, dans le XVIème parisien, pour contrarier les parents. Le « -phobe » n’est qu’un cousin du bayou provincial, qui arrive tardivement sur les gros mots.
Mauvais garçon, bon compagnon
Par louis--marie | Le 12/09/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
Enclin à vivre en dilettante, un peu braconnier, un peu taverne selon les saisons. Mauvais garçon, mais bon compagnon !
Les grands yeux tristes des charognards
Par louis--marie | Le 10/09/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (2)
Les grandes excursions touristiques morandiennes, impériales ou allemandes ont définitivement pris fin. Le romantisme casqué de ces conquêtes du XIXème, menées dans la torpeur confortable d’une Bugatti décapotable, fait place à la transhumance de valets, grooms et boys. Et ces anciens domestiques aux grands yeux tristes, que l’on aimerait nostalgiques, sont devenus des vautours avides de fortune aussi rapide que miraculeuse ; excités par cent coups de fouet de religieux fanatiques et d’exploiteurs interlopes. L’occident, ce dandy décadent, bel endormi repu et désabusé, s'éveille médusé et meurtri sous les premiers coups de becs de ces charognards affamés...
J’ai toujours au moins un jour de colère lorsque je retrouve la ville
Par louis--marie | Le 08/09/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
Le monstrueux paysage des villes : répétitif, vain, artificiel, domestiqué. Et ces imbéciles qui s'emerveillent de l'alignement des marronniers sur le bord des grands boulevards goudronnés, comme autant de concessions forcées à la nature. Et cette légère envie de pleuvoir qui accompagne mes pas dans cette mascarade moderne, semble souligner toute la grise tristesse urbaine. Ça doit être difficile la poésie chez les citadins. Comme évoquer l'amour alors que le feu lui-même n'a pas encore été découvert.
Moines-soldats, beatniks céliniens et dandies grandioses
Par louis--marie | Le 04/09/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
J'ai un penchant irraisonné pour les héros picaresques qu'ils soient moines-soldats, beatniks céliniens ou dandies grandioses du bout du monde. J'aime leur absence de vanité dans la révolte, leur propension à faire coexister le fabuleux de chaque époque, leur art de vivre détaché des pesanteurs. J’admire que ces amants brûlés aux fièvres d’un amour unique, soient également ceux qui versent toujours joyeusement leur sang avec l’abandon des hommes incurables.
Et ce sont les violents qui l'emportent.
Par louis--marie | Le 29/08/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
Indifférent, je me tiens à l'écart du monde en me faisant escorter d'une louve croqueuse de vie et de deux géants capables de couper un bœuf en deux.
L'ennui ne tend pas d'embuscade !
Par louis--marie | Le 22/08/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
Vingt ans, ce n'est pas gras normalement ! Avec le progrès tout est faussé. Plus de sueur, plus de soleil, plus de nerf, plus de vertèbre... Que du bide ! Parfois encore, de la limaille de vie entre les dents, sous les ongles, entre les doigts... dernières saletés d'aventure... mais le suspense de la jeunesse est terminé. L'ennui ne tend pas d'embuscade !
Du noir, on sait peu de choses.
Par louis--marie | Le 18/08/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
Du noir on sait peu de choses : le probable de l’aube, l’extrême, le lointain, le rêve, l’âme. J'ai pourtant placé l'ultime espérance sous le signe du beau drapeau noir.
Un soir à accoster
Par louis--marie | Le 11/08/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (1)
Un soir aux gabardines gonflées, aux bourrasques salées
Un soir au ciel impatient, à réclamer un orage
Un soir de jonque et de saké
Un soir à accoster
Un soir à faire sauter la banque ou à prendre le pouvoir
Un soir brûlant, aux lueurs des lampes tempêtes
Un soir de la belle époque qui n'était belle que parce qu'elle était d'époque
Les femmes corses sont de nature hostile. Elles sont fatales, injustes et parfaites.
Par louis--marie | Le 03/08/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (18)
Les femmes corses sont de nature hostile et vivent encore vigoureusement en affichant leur évidence de plénitude avec simplicité et sans aucune indulgence facile pour les abstractions contemporaines dont elles rejettent la torpide misère. Elles ont depuis longtemps fusillé la légende de la femme mièvre et avancent sans se résigner, sans chanceler, sans décliner. Elles savent leur cycle éternel, n’ouvrent leurs bras bronzés que pour un homme viril avec qui elles partagent la parenthèse tactique de l’enfantement, comme un don ancestral. Les femmes corses ont la beauté instinctive des méditerranéennes, des louves dont le sang est resté fier. Elles savent que les lois de la nature sont beaucoup plus aimables que les lois humaines car elles sont fatales, injustes et parfaites.
C’est en Corse que l’on comprend que la France n’est plus latine au delà des dernières plantations d’oliviers et des derniers pieds de vignes.
Oldscoule : Nationale 7 et poésie balnéaire.
Par louis--marie | Le 13/07/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (7)
Répandez-vous dans le monde ! Voilà l’ordre d’opération lancé depuis le 04 juillet… répandez-vous dans le monde en cercles concentriques autour d’un Paris, d’un Berlin, d’un Londres, moribonds comme de vieilles pierres. Débordez jusqu’à la mer ! Investissez les criques, les coins, les creux de rochers, l’ombre des pins ! Affronter les frontières, désertez l’ennui berlinois, l’hystérie londonienne, la condescendance parisienne et investissez vos économies laborieuses dans le grand parc d’attraction périphérique : L’Exotic world parc center. Soleil, plage, bikini, alcool sucré assurés ! Coco, bobo, clodo… tout ça migre vers le Sud. Les rats quittent le nid. Les vrais migrants, c’est eux. Les autres sont des usurpateurs. Procréez sur vos serviettes de bain pour que vos fils remontent ensuite la même rivière des congés solaires, vers la même plage, et leurs enfants-saumons aussi, et les enfants de leurs enfants également. L’explication du monde, le mécanisme de fascination ne doivent pas changer. La progéniture mondiale doit manger au même distributeur, à la même heure, sous le même zénith, entre Kâma-Sûtra mal assimilé et sandouiche au beurre allégé.
L’Autoroute numéro 6 a définitivement supplanté la Nationale 7. Vous passez vos vacances sur quelle aire d’autoroute ?
Moi, je dérive. Ce matin, j’étais levé avant le soleil… par pure provocation. Bons baisers d’ailleurs.
Je suis un journalier polymorphe plein de frasques
Par louis--marie | Le 06/07/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (10)
Sillonner l’Andalousie sur une vieille Norton en écoutant Seasons de Chris Cornell, y traîner quelques complices - un vieux Rhum et un carnet de moleskine – et me concentrer sur la fouille minutieuse de la condition d’un homme.
Je veux prendre le temps nécessaire pour faire éclater en moi cette délicieuse vérité que l’amour d’une femme vertigineuse, les amitiés viriles et les valeurs incertaines sont l’épaisseur irrégulière des plus belles représentations de chaque jour compté un par un, minute par minute. Je veux être en mesure de prouver que le scénario incompréhensible d’une journée au regard intrigant, s’oppose point pour point à la machination figée, convenue et répétée du quotidien. L’expression « jour après jour » devrait être une exclamation de joie qui montre la déferlante des vagues. Le flux et le reflux qui cachent les tempêtes, la mer étale, les ports, les orages, les quarts, les grands-voiles, le Cap Horn.
Mettre plusieurs vies dans une journée, voilà la trouvaille d’une vie phénoménale.
Dans un bar perdu dans les badlands de Tabernas, le patron a mis d’horribles serpentins à mouches, ces petites bêtes noires à la vacuité éphémère qui s’ennuient au quotidien et se prennent dans la glue.
Je commande un Rhum arrangé, quelques piments.
J’aime les déserts pour crier ma soif débordante.
Les orages d'été
Par louis--marie | Le 04/07/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
On est vieux lorsqu’on arrive à ne s’émouvoir que de l’automne rimbaldien et de l’hiver morphique, et plus jamais du printemps des saillies ni des terribles orages d’été qui sont autant de charges contre la mort.
L'été n’est pas une saison, c’est une comédie
Par louis--marie | Le 02/07/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (3)
L'été n’est pas une saison, c’est une comédie. Pour la mise en scène balnéaire qui se jouera à huis clos, je prépare quelques vins aristocratiques et des lectures égoïstes et contestables…
Autre projet d'été : dériver !
Une sorte d'impressionnisme du malheur
Par louis--marie | Le 24/06/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (0)
C'est entendu que certaines personnes font de la misère autour d'eux, au point que le noir viendrait colorer de sombre les objets à leur contact. Une sorte d'impressionnisme du malheur, par réflexion de l'ombre en quelque sorte.
Il faut entraîner son esprit à un usage rebelle
Par louis--marie | Le 22/06/2015 | Dans Pneumatiques | Commentaires (3)
Bonjour, Je reviens sur un point de détail mais Woz avait raison : la Mercedes fatale était bien une ...
Bonjour, Je reviens sur un point de détail mais Woz avait raison : la Mercedes fatale était bien une ...
Ou comment rester immortel d'un coup de révolver ! Beau texte que celui-là...
« On ne se souvient pas des jours, on se souvient des instants », disait Cesare Pavese
Arrivés ensemble du côté de Berlin, un jour d'hiver 85, les images me reviennent de quelques moments ...
« Nous, on fait dans l’plomb ! »
Superbe !
C'est peut-être une mue : "Tous les trente ans, le monde laisse tomber une peau", disait Paul Morand ...
Personne n'y prête attention, mais j'aime tes #hashtag insolents.
J'y ai des souvenirs de fins de nuits qui nous obligeaient à partir séance tenante voir la mer du côté ...
Soljenitsyne le disait déjà : « À y regarder de l’extérieur, l’amplitude des convulsions de la société ...
Ami de jeunesse Olivier je pense souvent à toi. Repose en paix ou tu te trouve Éric
”Vous êtes le seul peintre moderne qui donne du génie au spectacteur. Chaque toile ouvre des possibilités ...
Salut camarade ! Faut-il que je sois décati, je n'avais pas vu ça… Un an et demi plus tard, enconfiné ...
est le titre sublime d’un album de Lavilliers… vanité et exotisme.
C'est, je crois Jorge Luis Borges, qui disait qu'un gentleman ne peut s'intéresser qu'à des causes perdues ...
Super clin d’œil
Magnifique détail ! Que de talents en Occident, quelle histoire des Arts !!! Le constat est amer aujourd'hui ...
IL reste des poches de résistants qui sont pétris de ces valeurs et de certitudes quant aux solutions ...
Sabre au clair! On retourne dans la brêche.